Festival Lumière de Lyon : la passion du cinéma

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Le bonheur est dans la salle

Vous qui me suivez depuis quelque temps, vous savez combien j’aime le cinéma. Certes je ne vois pas tout ce qui sort, je choisis, je partage avec d’autres, mais je sais que quoi qu’il arrive quand je m’assois dans une salle de cinéma, je me sens bien.
A 3 minutes et 5 pas de chez moi, il y a un petit ciné de quartier. Même pas 100 places, 3 séances quotidiennes, 2 pubs (toujours les mêmes), pas de bande-annonce… le film « tout nu » ! J’adore cette salle, si proche qu’elle en est presque devenue une pièce de mon appartement ! Rarement bondée, je peux quasiment m’installer à chaque fois à la même place, MA place.

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Alors quand j’ai la possibilité de vivre une expérience cinéphilique, je jubile. Rappelez-vous à Cannes en mai dernier, j’avais usé ma toute première accréditation et bataillé dans la jungle festivalière pour atteindre les projections. Quitte à me spécialiser dans les « 1ères fois » en festival, je suis partie à Lyon, toute fière d’être accréditée presse au Festival Lumière, du 12 au 18 octobre. Ici, on est à mille lieux de l’agitation cannoise. Pas de compet, pas de marches, pas de surmédiatisation, pas de palais (pas de palais !). Par contre, un programme de projections terrible, rempli de films déjà sortis,  et pour la plupart il y a pas mal d’années, voire un siècle !

lumiere-2015-seebyc-institutCe festival est un vrai bonheur pour cinéphiles. Il met à l’honneur les films avant tout, des films en tout genre, de tout pays, de toutes époques. On célèbre les restaurations et le travail fait par des équipes passionnées pour redonner un coup de jeune à des chefs d’oeuvre qui sans elles finiraient par disparaître. Un festival de mémoire. Rien d’étonnant quand on est dans la ville qui a vu naître le cinématographe avec les frères Lumière. C’est d’ailleurs à leur Institut que le village du festival s’est installé. Le lieu est magique, chargé d’histoire et forcément émouvant pour qui aime le cinéma. C’est là que j’ai rendez-vous pour récupérer mon accréditation. lumiere-2015-seebycOn est loin de la hiérarchie des badges de Cannes et tout un chacun peut être accrédité moyennant 17 € (avec le catalogue offert, d’une valeur de… 15 €). Pas de files d’attente devant les salles en fonction de la couleur du sésame. Chaque accrédité peut acheter ou réserver ses places aux séances de son choix bien avant le début du festival. C’est à ce petit jeu de ponctualité que je me suis faite avoir. C’est la bouche en coeur que je me suis pointée aux caisses le premier jour du festival, devant une hôtesse à la patience d’ange, qui a répondu « c’est complet » à chacune de mes propositions de séances. Elle a enchaîné par « complet », puis « pareil », puis « désolée » avec un sourire gêné. Allez, on ne se décourage pas, c’est la fête du cinoche et youpi tralala ! Et puis faut reconnaître que si j’avais lu avec attention le mail de confirmation de mon accréditation j’aurai déjà mon planning de fait pour la semaine. Bien fait pour moi !

kurosawa Avec ma nouvelle amie derrière son écran on finit par trouver des séances disponibles… Je ferai le plein de Kurosawa qui visiblement attire moins les foules que Martiiiiin Scorsese, qui recevra en fin de semaine le Prix Lumière comme Tarentino et Almodovar précédemment. Je me dis, pour me consoler, que tous les Scorsese se trouvent facilement en DVD, par contre les Kurosawa période années 60, pas sûre. Et puis au petit jeu de « je réserve à l’avance » je m’aperçois que, comme à Cannes, et avec moins d’attente, j’ai pu entrer dans la salle à toutes les séances auxquelles je me suis pointée à la dernière minute ! (on oublie les soirées spéciales et autres master class trop prisées). On va laisser place à l’imprévu, c’est tout ce que j’aime. 3 films par jour, c’est pour moi le bon rythme… plus, ma mémoire en papier crépon me joue des tours et fait de drôles de compil’ alambiquées dans ma tête.

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Un festival fait pour les spectateurs… Ici on a un principe : on remplit les salles et ça tombe bien les spectateurs sont là, attentifs, curieux ou forcés (comme les scolaires!). Chaque séance est présentée par un médiateur du festival accompagné d’une personnalité (un acteur, un réalisateur, journaliste ou autre) venue défendre un film auquel elle a participé ou juste eu envie d’en parler. La simplicité est le mot d’ordre, pas de chichis, les discours sont informels, souvent spontanés, l’écoute attentive. Ici, personne n’est en représentation. Seules les voitures officielles, estampillées Lumière 2015 pourraient signifier une arrivée de « star », idée rayée immédiatement par Thierry Frémaux qui déboule à vélo jusque dans le hall du ciné ! Les stars ce sont les films.

costaJ’ai adoré finalement le choix des films vus, une sélection « faute de mieux » qui s’est révélée parfaite par ses découvertes et expériences multiples. Tous sont importants de par leur propos, leur place dans l’histoire du cinéma ou dans la filmo d’un acteur ou d’un auteur. Toutes les séances m’ont permis de voyager dans le temps : dans le Marseille des années 30 avec un « César » restauré et en version longue, le Tokyo des années 60 chez Kurosawa (véritable claque et coup de cœur inattendu), la France des années Vichy vu par costa-fremauxCosta-Gavras (« Section spéciale » présenté par son auteur passionnant, « il a fallu un grec pour faire un film sur cette page de notre histoire » a souligné justement Frémaux), les années 70 avec « Je, tu, il elle« , le film expérimental de Chantal Akerman, disparue récemment à qui un bel hommage a été rendu. Son film est si personnel, dérangeant, unique… (avec un tout jeune Niels Arestrup, beau comme un camion!). Je me dis que c’est une chance de voir de tels films sur grand écran.

J’aimerais citer tous les films vus mais ça risquerait d’être ennuyeux. J’ajouterai que comme à Cannes j’ai fait le plein de documentaires. C’est génial de les voir sur grand écran et encore plus quand les protagonistes sont présents dans la salle. Parmi eux, « La légende de la Palme d’or« . Son réalisateur est parti à la rencontre de lauréats de la récompense suprême du Festival de Cannes pour leur soutirer leurs impressions sur le moment où ils l’ont reçue. Parallèlement, il suit la fabrication de la Palme, de l’extraction de l’or jusqu’à la livraison dans son écrin Chopard. Les images sont sublimes et les témoignages tantôt drôles ou plus difficiles.

Photo Chopard

Amusant, le témoignage des frères Dardenne qui racontent que leur mère, depuis la palme de « Rosetta« , appelle le président Cronemberg, « David », comme un ami de la famille ; ou celui d’Emir Kusturica qui explique que c’est un producteur de « Papa est en voyage d’affaire » qui est allé récupérer la Palme en son absence le jour de la cérémonie de clôture, qu’il a juste dit « merci » omettant de préciser qu’il n’était pas Emir, créant ainsi la confusion lors de cette exceptionnelle exposition médiatique. Il se vengera en venant chercher sa 2è récompense pour « Underground« . Jane Campion est bouleversante quand elle raconte son moment cannois. A l’époque de la présentation de « La leçon de piano« , elle attendait un enfant. Après toutes ses émotions fortes et son long voyage de retour en Nouvelle-Zélande, son bébé est décédé 10 jours après sa naissance. Sa palme aura toujours un goût tragique. Très beau documentaire d’Alexis Veller qui débute dans la cellule du masque de fer sur l’Ile Sainte-Marguerite, au large de Cannes.

lumiere-2015-seebyc-fabianC’était aussi un joli moment, toujours dans la petite salle de la Villa Lumière, de voir Françoise Fabian serrer la main de son réalisateur Dominique Besnehard avant la projection du docu qu’il lui a consacré, « La Fabian« . C’est touchant alors qu’elle a cette image de femme forte, amoureuse, féministe, libre… le temps semble ne pas avoir de prise sur elle. Ils en profitent tous deux pour évoquer le succès de « Dix pour cent » la série qui vient d’être diffusée la veille à la télé.  Ce sera mon unique point « actu » de la semaine. Ici, les infos peuvent lister les mauvaises nouvelles en continu, rien ne peut m’atteindre. Ma seule préoccupation est de savoir si j’aurai le temps de rejoindre le Comoédia d’un coup de métro pour la prochaine séance et de ne pas rater le jingle de cette édition 2015 qui fait résonner les notes de « New York New York« .

Clap de fin !

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Deux répliques de Jean Gabin, toujours frais et élégant dans la moiteur de la casbah d’Alger, dans « Pépé le Moko » de Duvivier (1937) :
« Inès le matin, Inès le midi, Inès le soir. T’es pas une femme t’es un régime. »
« Tu veux que je t’injuries, t’as la folie des grandeurs. »

Bonus 2, quelques adresses « coups de cœur » :

brasserie-georges-seebycLa brasserie Georges
« Une institution. Une salle immense art déco où les serveurs noir corbeau dansent entre les tables. La lumière baisse à chaque arrivée des omelettes norvégiennes frétillantes signe qu’un anniversaire se fête sous les applaudissements des clients. »
30 Cours de Verdun Perrache, Lyon 2. Tél. : 04 72 56 54 54.

« Dans la jolie boutique de voutes en pierre, c’est un bonheur de déguster un capuccino et de repartir avec quelques tablettes exquises sous le bras ! »
Ambassade Bonnat & Crozet, 12, rue du Boeuf, Lyon 5.
Tél. : 04 72 40 99 66.

comoediaLe bistrot du Comoédia
« Ce cinéma est extra, beau, confort, moderne avec une belle programmation. Faire une pause sucrée entre deux séances à son bistrot était un délice. »
13, avenue Berthelot, Lyon 7.
Tél. : 04 26 99 45 21.

9782081343146FSLibrairie Decitre
« Espace immense donnant sur la place Bellecour où nous avons retrouvé Pierre Richard en pleine séance de dédicace. L’amour était palpable à cet étage ! »
29, place Bellecour, Lyon 2.
Tél. : 04 26 68 00 10.

image142191-criolloCriollo
« Une petite vitrine très encombrée de bijoux fantaisie. Poussage de porte, essayages, discutages avec d’autres clientes… une pause cadeau improvisée. J’adore! »
Criollo, 8 rue J.Serlin, Lyon 1er.
Tel : 04 78 28 02 55.

Tarte-Praline2-terA la marquise
« Déguster une tarte aux pralines exquise, rue Saint-Jean dans le Vieux Lyon avant de partir à la découverte des traboules. »
37, rue Saint-Jean, Lyon 5.
Tél. : 04 78 37 89 85.


Merci à So, Brice, Laura, Marine, Camille, Seb et Léonie.

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6 réflexions sur « Festival Lumière de Lyon : la passion du cinéma »

  1. Bien raconté: le festival Lumière est vraiment comme ça. Comme l’a dit Costa Gavras avant la projection de « Section spéciale », ce festival a créé dans Lyon une vraie cinéphilie!

    1. Il a raison Costa-Gravras et c’est tellement agréable de voir un film avec un public de passionnés. J’espère pouvoir y revenir l’an prochain.

  2. Très bon article. Merci pour les bonnes adresses, je ne connaissais que la brasserie Georges et son excellente bière!

  3. bonjour, j’ai trouvé ton article sur google… vachement bien ! et ton site est pas mal du tout je ne sais depuis quand il existe. Tu fais tous les festivals ?

    1. Bonjour Sarah, le blog existe depuis quasiment 1 an. Faire tous les festivals j’adorerais ça à vrai dire mais faudrait que je gagne un peu d’argent avec le blog ce qui n’est pas le cas. Je parle de cinéma dès que je peux et j’espère revivre le 69è Festival de Cannes encore de plus près. RDV en mai.

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