A l’assaut de la capitale !
Je les avais quittés sur le perron de la MJC Picaud auréolés de leur victoire aux 24h des réalisations de Cannes (lire ici). A peine sélectionnée pour participer à la finale des finales, l’équipe des Makers était déjà en train de refaire bouillir la marmite à idées tant qu’elle est chaude !
Je les retrouve à leur lycée Bristol, quelques temps après leur périple parisien. Il y a Quentin et Brice, 16 ans en 1ere, Josh et Lola, 15 ans, en seconde, tous en option cinéma. Il manque Nelson, l’ingé son qui fait aussi de la musique qui a été choisi d’office « comme ça on n’aura pas de problème avec les droits d’auteur » et Daniel, « l’adulte » de la bande, en prépa littéraire au lycée Carnot. Spontanément, ils se sont tous assis en face de moi dans une salle du lycée. Je les écoute me raconter leurs pérégrinations parisiennes. Ils échangent, se coupent la parole, se contredisent, rient beaucoup et ponctuent leur phrases de « genre », « du coup », « vénère », « trop », « grave » « j’avoue »…LOL !
Quentin attaque le récit. On dirait qu’il me dicte un scénario tellement il est précis dans les détails. Tous les six débarquent à Paris le vendredi matin après une nuit dans le train. « On était surexcité » ; Un détour à l’auberge de jeunesse puis direction l’école de la cité, « l’école de Luc Besson le plus grand réalisateur français ». « On a pu discuter avec des profs et des élèves, puis on a diffusé notre film, bizarrement que le nôtre. On nous a même demandé de parler devant les autres pour le présenter… ». A l’issue de la projection ils ont dû donner quelques explications car le propos « n’était pas clair ». « Normal, c’est de l’art » précise Josh dans un sourire.
Samedi, 10h03 : départ des 24h.
Le thème annoncé est « Paris est une fête » et 10 équipes sont dans la course. Notre team cannoise a fait le voyage avec tout le matériel de tournage et de montage. Un pass pour le métro valable jusqu’à minuit leur a été fourni. Seules contraintes : le couvre-feu de 2h à 6h et le fait de circuler dans Paris avec leur animateur, ce qui les empêche de scinder leur équipe. Nelson va rester sur place pour bosser sur la musique « quasiment 24h d’affilée ! ». Les autres ne perdent pas de temps mais le sujet ne les inspire pas. « On s’est mis dans la tête des concurrents et on a éliminé toutes les premières idées qui nous venaient. On ne voulait pas tomber dans la facilité, on voulait juste sortir du lot » (Lola). Pour eux, le piège c’était de partir sur les attentats. Ils décident de tourner des images festives qu’ils opposeront à d’autres plus sombres. Lola et Daniel tentent d’écrire un texte fort qui sera lu sur les images. De temps en temps les auteurs appellent la team tournage pour leur réclamer des plans précis comme un pot d’échappement qui fume ou des enfants qui jouent. « Mais va trouver des enfants le soir à Pigalle ? » Ils ont galéré pour le plan du pot. Puis tout d’un coup « je vois une voiture avec la fumée, je cours derrière pour la filmer… un truc de malade ! Je l’ai eue juste au moment où on voulait abandonner ». Comme quoi il ne faut jamais baisser les bras !
Coté voix off, c’est la cata !
Pas d’inspiration et les auteurs sont harcelés par le reste de l’équipe qui leur réclame le texte. « Mais vous croyez qu’on fait quoi ? ». Résultat, ils ne sont pas satisfaits mais le temps tourne. « On voulait faire un travail artistique qui nécessitait de faire un étalonnage» insiste Josh « mais quand le montage a été fini on n’a pas eu le temps… ça a été galère ! » A 10h03, ouf, ils ont rendu leur film. Mission accomplie ! A l’issue de la projection de la finale, pendant la délibération du jury les films gagnants régionaux sont tous projetés à une audience à bout de force « on s’est endormi c’était vraiment trop long et en plus y’en a plein qu’on avait déjà vu ». (Lola) « Moi j’en avais vu aucun mais je ne pouvais plus tenir ! »(Josh). Une heure de délibération plus tard, les récompenses ont été attribuées, et The Makers reçoit une mention pour l’originalité du scénario. Congrat’.
Paris, Paris !
Naïvement je leur demande s’ils ont profité du temps qu’il leur restait pour faire du tourisme… « Jeudi on n’a pas dormi dans le train, vendredi on s’est couché tard, et après les 24h sans dormir, du coup dimanche on s’endormait même sur nos sièges. », donc on oublie le tourisme. Ce qu’ils ont vu de la ville, ils l’ont vu en courant ! Ils me racontent quelques anecdotes : quand ils ont croisé Jean-Luc Mélenchon et n’ont même pas pensé à le mettre dans leur film ou comment Lola est restée en plan sur un quai de métro. « Le métro était bondé, j’étais plus petite que la plupart de gens avec dans les bras les burgers, les boissons … et tout d’un coup la porte du métro s’est fermée. » Dans le wagon, les garçons se rendent compte qu’ils ont « oublié Lola ! » et à la station suivante qu’ils ont pris le métro dans le mauvais sens ! (Oubliez Lola… ça ferait un joli titre de film !)
La cité
Leur véritable coup de cœur restera leur passage à la Cité du cinéma. « C’était notre rêve de la voir, dira Quentin, le bâtiment est énorme, et pourtant on a vu qu’un studio sur les 8. C’est intimidant. » Josh : « Tout est à taille américaine. On se sent tout petits dans le hall, même le réfectoire est immense. » Lola : « Je me suis projetée ça me motive pour y être dans 3 ans. » Brice : « A l’entrée y’avait un panneau avec écrit « Valerian figuration » avec une flèche. Le tournage était juste là. » En grand fan de Besson c’est déjà « une sorte de rêve ». Brice et Quentin ont bien pensé faire croire à une pause technique pour courir vers le hangar 7 de Valerian mais c’était sans compter la sécurité « même les photos sont interdites, tout est très contrôlé pour éviter les fuites. »
Des projets ?
En cœur ils me disent « faire les 48h » qui auront lieu fin mars… cette fois l’enjeu n’est plus Paris mais Hollywood ! Ils ont déjà des étoiles dans les yeux ! « C’est pas le même niveau ! » J’ai beau leur vanter le fait d’avoir 2 fois plus de temps, ils se mettent déjà la pression et ne pensent qu’à leur équipe… « On veut une élite » me lance Brice en toute humilité.
J’ai déjà hâte de les suivre sur les 48h, tout comme deux autres équipes déjà présentes aux 24h autour de Yann Lerat et Marco Floch.
To be continued !