Danse avec les pixels
Mourad Merzouki est un chef d’orchestre. Il a l’art de créer un ensemble cohérent à partir d’univers très différents. Chaque nouvelle pratique, chaque nouvelle rencontre le pousse à enrichir ses spectacles de toutes ses découvertes. Ainsi, ce Lyonnais de 41 ans nous avait habitué à mixer des postures de hip-hop à des gestuelles empruntées au cirque ou aux arts martiaux qu’il a pratiqués.
Au sein de sa compagnie Kafig, fondée en 1996, il a déjà imaginé 23 spectacles en 18 ans qu’il a fait tourner à travers le monde. Cette dernière création, « Pixel », est le fruit de sa rencontre avec Adrien Mondot et Claire Bardainne, duo d’artistes graphiques numériques. Les chorégraphies vont prendre vie dans les décors de ces mondes virtuels créés par les projections numériques. La virtuosité de la mise en image donne le tempo aux danseurs… à moins que ce soit l’inverse.
L’énergie du hip-hop, la justesse de l’émotion de la danse contemporaine, la poésie des circassiens (magnifique duo entre un danseur et la contorsionniste), la fluidité du roller apportent aux images numériques une humanité. Elles deviennent même de véritables partenaires de danse. Les pixels, comme des flocons blancs se multiplient, réagissent aux mouvements des danseurs, évoluent à différentes rythmes, définissent des zones de danse. Projetés en fond de scène ou au sol, les décors créent de nouvelles dimensions totalement bluffantes. A certains moments les danseurs semblent évoluer en apesanteur, dans un paysage sous-marin, voire dans un décor numérique façon « Tron » ou encore attaqués par une pluie de pixels devenus grêlons.
Cette création d’une durée de 70’ est poétique, sensible, époustouflante. On s’enthousiasme et en même temps on sent bien que ce sont juste les débuts de nouvelles possibilités créatrices. On a juste hâte de voir ce que Merzouki va faire naître avec le duo d’infographistes et ses danseurs dans les prochains mois. Ce soir, on sort heureux comme rechargé de l’énergie communicative des onze athlètes-artistes. Dans le grand auditorium du Palais des festivals à Cannes, comme certainement à l’issue de chacune des représentations, c’est une ovation, comme le témoigne cette photo prise du fond de la scène. Merci à Marjorie Hannoteaux, assistante du génial chorégraphe et auteur de ce cliché.
Pour savoir si Pixel est programmé près de chez vous, suivez les dates sur www.ccncreteil.com
Pixel est visible dans son intégralité sur le site d’Arte jusqu’au 21 mai à 22h59. Montez le son, la musique originale d’Armand Amar renforce toutes les émotions. La magie c’est ici.
Si vous vous étes connectés trop tard et que la vidéo s’est autodétruite, voici un amuse-bouche.
« J’ai souhaité ouvrir la voie d’une conversation entre le monde de synthèse de la projection numérique et le réel du corps du danseur. Chacun s’est immergé dans une espace qui lui était étranger de manière ludique, dans le partage, en s’appuyant sur la virtuosité du hip-hop, mêlé de poésie et de rêve, pour créer un spectacle à la croisée des arts », Mourad Merzouki
Merci pour cet article, c’est pas mal du tout. je ne vais pas hésiter à le relayer.