69e édition : stars sous surveillance
L’an dernier j’étais toute « émotionnée » de participer à mon premier festival… j’avais attendu ce moment depuis tellement d’années (lire ici) que ça lui donnait une saveur particulière. Là, finalement comme les milliers de personnes qui vont venir à Cannes du 11 au 22 mai, j’ai la sensation de sauter à nouveau dans un train dont je connais la destination ! Je m’amuse à faire ma blasée, mais on est tous pareils, le Festival on s’en tape un peu et puis crescendo,dès le printemps, à coup d’annonces savamment orchestrées, on va se laisser emporter dans une spirale infernale. Cannes deviendra la cible de tous les médias jusqu’à devenir la chose la plus importante pour chaque festivalier, loin devant les catastrophes naturelles, le chômage, les migrants, les Panama papers… Pendant 10 jours, on va se focaliser sur le programme, les séances, le tapis rouge, les looks foireux et les tendances des réseaux sociaux. Et pour que cette année ne déroge pas à la règle, la sélection de films a savamment mis l’accent sur les stars au générique. Les mauvaises langues diront que c’est fait exprès… moi, avec mon expérience riquiqui j’ai encore envie de croire mister Frémaux (DG du FIF) quand il dit que c’est d’abord des films qui ont été choisis.
Allez, trêve de boutades et checkons ensemble ce qu’il faut savoir avant l’ouverture du 11 mai.
L’AFFICHE
L’an dernier le portrait d’Ingrid (Bergman !) m’avait paru un peu terne aussi cette jaunisse aiguë tendance 2016 me ravit au plus haut point ! Réalisée à partir d’un photogramme du « Mépris » de Jean-Luc Godard, c’est une vraie déclaration d’amour au cinéma, à la lumière de la méditerranée et… aux escaliers !
Le grand Michel Piccoli, tout petit sur cet escalier monumental, se dirige vers le toit terrasse de la villa Malaparte, située à flanc de falaise du côté de Capri, qui servit de décor au film de JLG. C’est certainement une référence aux marches du palais des Festivals mais la comparaison s’arrêtera là puisque si la villa n’est accessible qu’à pied, les stars seront déposées au plus près du tapis rouge en voiture officielle ! Il est loin le temps où les stars faisaient le trajet à pied de leur hôtel au red carpet !
MISTER PRESIDENT
Après la présidence à deux têtes de l’an dernier, c’est l’australien Georges Miller qui tiendra la barre du bateau du jury. Il était déjà présent l’an dernier pour présenter, hors compétition, « Fury road« , dernier opus de sa saga Mad Max, 30 ans après le premier. A 70 ans, le réalisateur symbolise le film de genre (anticipation plutôt violent) mais aussi l’éclectisme (Twilight the movie, Les sorcières d’Eastwick, Babe, Happy Feet...). Avec son intérêt évident pour l’animation il ne devrait pas rester insensible à « La tortue rouge » de Michael Dudok de Wit qui concourt pour la Caméra d’or, qui récompense un 1er film.
LA CEREMONIE
Après deux années comme maître de cérémonie, Lambert Wilson a passé le relai à Laurent Lafitte. Rodé à l’exercice de MC pour les César ou les Molière, il devrait être à la hauteur et on peut lui faire confiance pour trouver le bon tempo entre rires et glamour. Face à une audience mondiale, il a du recevoir de sérieuses recommandations pour ne pas trop se lâcher ! Il aura les honneurs du tapis rouge puisqu’il est a l’affiche du nouveau film de Paul Verhoeven, « Elle » avec Isabelle Huppert et Virginie Efira. En attendant et pour le plaisir, revoyons ceci !
L’OUVERTURE
L’an passé « La tête haute » d’Emmanuelle Bercot avait donné un ton grave à cette ouverture. Cette année on a fait appel au jeune et frétillant Woody Allen (80 ans) qui est à Cannes comme chez lui ! C’est la 14e fois qu’un de ses films est sélectionné, toujours hors compet’, à sa demande. Avec une régularité de réalisation d’un film par an, c’est un excellent candidat pour l’ouverture. D’ailleurs il avait déjà ouvert le Festival 2011 avec « Midnight in Paris » et 2002 avec « Hollywood ending« . Son millésime 2016, « Café society » a pour toile de fond le Hollywood des années 30 et met en scène Kristen Stewart, Jesse Eisenberg (« Social network »), Steve Carell, Blake Lively-L’Oréal, Parker Posey… ce qui promet une belle bousculade aux abords du tapis rouge !
LA CLOTURE
Qui se souvient des films de clôture ? C’est peut-être parce que personne ne lève le doigt que le Festival a cherché une alternative et innove. C’est la Palme d’Or annoncée le soir même durant la cérémonie qui sera projetée en clôture. C’est une très bonne idée ! Je ne sais pas si ça aura une influence sur le choix du jury mais ce sera amusant de voir la salle se remplir ou se vider à l’entracte ! Ben quoi, ce n’est pas pareil de finir le Festival en regardant « Pulp Fiction » ou « Rosetta« , me trompe-je ?
LA CINEFONDATION
Créée par Gilles Jacob en 2005 pour encourager la création et l’émergence de nouveaux talents, la Cinéfondation permettra pour la 12e année à de jeunes réalisateurs-trices de profiter de l’effervescence cannoise pour rencontrer des partenaires pour finaliser leur projet jugé prometteur. Depuis sa création la Cinéfondation a permis à 126 films de sortir sur les 171 projets. Cette année, ils seront 15 venus de 14 pays différents à défendre leur bébé dont le frenchy Eric Cherrière avec « Ni dieux ni maître« . La présidente sera Naomie Kawase, récompensée en 1997 pour « Suzaku » alors qu’elle n’a que 27 ans, ce qui fait d’elle la plus jeune des lauréats à la Caméra d’or. Elle était sélectionnée l’an passé avec « Les délices de Tokyo » à Un certain regard. Dans son jury, elle sera secondée notamment par Marie-Josée Croze et Jean-Marie Larrieu (la moitié des frères!)
En attendant l’annonce de la composition du jury et des films présentés dans les sections parallèles, le 21 avril prochain aura lieu un exercice de préparation des services de sécurité, de secours et de santé par la simulation d’un attentat au Palais des Festivals et dans différentes lieux de Cannes. De quoi nous rappeler que la pluie n’est plus la menace principale du plus grand festival au monde.
La suite ici…
bravo pour ce billet très complet… et très agréable à lire, vous avez réussi à me donner envie de venir voir le Festival de plus près! j’espère que vous le raconterez… 😉
Merci Joan. Si tu viens fais moi signe, j’aurai des pistes à te donner. Pour le raconter je ferai ce que je peux car c’est parfois compliqué de tout faire en même temps. J’adorerais que ce soit mon job…