Festival de Cannes, épisode un

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Vincent Lindon is inside !

Comment décrire l’émotion immense qui s’est emparée de moi lors de ce 68e Festival ? Comprenez, mon tout premier festival, alors que les gens de mon âge ont plutôt l’habitude de dire qu’ils n’ont plus assez de doigts pour compter leurs années d’aventures cannoises ! Oui j’ai ramé, rien de très extraordinaire en Méditerranée ! Mais pour « être à Cannes », il faut au moins une bonne raison.

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Le regard d’Ingrid Bergman qui m’a accompagnée… et réconfortée. Si si ! @see-by-c

A Cannes, il y a deux catégories de personnes : les accrédités et les non accrédités. Si j’espérais faire partie des premiers il faut reconnaître que sans les seconds, le festival ne serait pas ce qu’il est. En effet, qui crierait devant les hôtels à l’apparition de Marion Cottillard ? Qui ferait des aller-retours sur la Croisette dans une tenue improbable dans l’espoir d’être photographié ? Qui ferait le pied de grue pendant des heures, par tous les temps, au bout du tapis rouge avec son escabeau bien gardé dans l’espoir de voir et de shooter les stars du monde entier ? Qui dévaliserait les boutiques officielles de gadgets souvenirs en tout genre ? Qui ne tenterait pas sa chance en tenue de soirée à la sortie du palais pour récolter une invitation, le sésame qui le fera rentrer dans le grand Théâtre Lumière pour voir un film mais avouons-le surtout pour monter les marches ? Ce sont peut-être des figurants qui font que le film cannois est réaliste, mais je vous rassure tout de suite des figurants il y en a aussi chez les nombreux accrédités !

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Le bel écran du cinéma de la plage accessible à tous celui-ci ! @see-by-c

On a l’impression en feuilletant la presse généraliste que la plupart des personnes qui viennent à Cannes sont motivées par la fête… Je suis ravie de constater après ma folle semaine que tous ceux que j’ai pu croiser étaient là pour voir des films. Tout d’abord petit rappel pour ceux qui auraient zappé mon post pré-festival. Comme dirait Sophie Marceau, « Qu’est-ce que c’est Cannes ? ». C’est d’abord la médiatique sélection officielle dont les projections se font au Palais et plusieurs fois par jour dans le Grand Théâtre Lumière (GTL pour faire court), tout en haut des célèbres marches. Les films d’Un certain regard, Cannes Classics et les Court-Métrages sont projetés dans les autres salles du palais. Le Cinéma de la plage projette un film tous les soirs sur le sable sur son grand écran posé sur l’eau. Les films de la Quinzaine des réalisateurs sont visibles au Marriott à deux pas du palais, ceux de la Semaine de la critique à l’Espace Miramar, trois pas plus loin et ceux de l’Acid au cinéma les Arcades principalement.

A chaque salle, son ambiance... j'ai essayé de toutes les faire du Raimu au GTL mais il m'en manque deux ! Je dois donc revenir l'an prochain ! ;-)
A chaque salle, son ambiance… j’ai essayé de toutes les faire, du Raimu au GTL, mais il m’en manque deux ! Je dois donc revenir l’an prochain ! 😉 @see-by-c

Pour entrer dans ces différents lieux, il faut un badge et c’est là que l’affaire se complique car côté badge il y a une hiérarchie de dingue. Les mieux lotis : la presse et même dans leur groupe différentes couleurs donneront plus ou moins d’avantages selon le média. Puis il y a les accrédités Marché du film et les professionnels du cinéma. Le grand public l’ignore souvent mais le Marché est la plus grande plateforme au monde de rencontres entre créateurs, producteurs, vendeurs, distributeurs et financiers. Dans les sous-sols du palais se joue chaque jour l’avenir de centaines de films. Mais revenons aux badges. Si on ne joue dans aucune des catégories sus-citées, la seule chance d’être accrédité, c’est Cannes Cinéphiles. Chaque année ce sont 4000 personnes qui ont rempli un dossier, justifié de leur cinéphilie en écrivant leur meilleur texte pour obtenir THE sésame. C’est avec ce badge autour du cou que je me suis aventurée, pleine d’insouciance, dans la jungle cannoise !

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Le palais modernisé avec sa verrière et son escalier intérieur magnifique. @see-by-c
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Files sans fin pour la Quinzaine. @see-by-c

On m’avait quand même prévenue : « Tu verras Cannes c’est l’école de l’humilité ».  WTF ? Effectivement, il m’a fallu un jour pour le constater.  Je retentais de voir « Le tout nouveau testament » de Jaco Van Doermel au Marriott (après avoir échoué le matin dans une autre salle). 4 files d’attente pour différencier les badges. La plus longue, la nôtre. Plus d’une heure debout (heureusement à l’ombre) à regarder toutes les personnes des autres files entrer dans la salle. Même ceux qui arrivent au dernier moment. La salle était pleine, ou la séance devait commencer, bref, nous avons été privés de film. Argh ! Ça y est, c’est donc ça, je sens le cœur de la fameuse Humilité battre en moi ! Humble, un soupçon énervée et franchement déçue, je n’ai pas envie de me venger à coups de glaces à l’italienne mais plutôt de voir comment je vais atteindre l‘objectif fixé : voir deux films par jour, comme les membres du jury. Là, j’en étais à un, en 6h. Premier coup dur mais me voilà libre de tenter une approche du palais avec la file « dernière minute » pour « La loi du marché » de Stéphane Brizé qui va être projeté dans le GTL. On n’est pas très nombreux dans cette file, l’espoir revient. Dans l’ambiance festive (et folklorique) des marches, musique à fond et pauses devant les photographes, j’ai tout le temps de regarder TOUS les invités, en me disant que ce serait quand même une sacrée malchance qu’ils soient 2300 et que la salle soit pleine. Le couperet, c’est l’arrivée de l’équipe du film. Elle entre en dernier dans la salle après avoir traversé le tapis et monté les marches sur la musique de Camille Saint-Sens. Ce « Carnaval des animaux », jusque-là évocateur de rêve pouvait donc se transformer en cauchemar ! festival cannes 2015 seebyc lescurefremauxMiracle, on nous fait signe de passer. Je suis tellement contente de monter voir le film que j’en oublie de me retourner en haut des marches, l’œil rivé sur Lescure, Frémaux et Lelouch qui attendent l’équipe. La revanche du candidat-à-la-dernière-minute, c’est qu’il est placé à l’orchestre alors que la plupart des invités qu’il a regardés monter sont au balcon. festival cannes 2015 seebyc auditoriumC’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup : ça veut d’abord dire qu’au lieu de baisser les yeux vers un écran moyen je vais lever les yeux vers un écran immense (20 x 10 m tout de même). Je me fais toute petite dans mon fauteuil. Sur l’écran les images des marches sont diffusées. On suit l’équipe du film de son arrivée au début du tapis jusqu’à son entrée dans la salle. Plus de 2000 personnes qui se lèvent et applaudissent ça envahirait le cœur des plus insensibles. festival-cannes-2015-seebyc-lindon1Vincent Lindon a déjà les yeux tout rouge et je n’en mène pas large à dix mètres ! Le film n’a pas encore commencé que je suis déjà toute chamboulée. Je me dis alors qu’il vaut mieux que les critiques voient les films dans une salle plus petite, le matin, entre eux, et surtout sans l’équipe… avec un baromètre émotionnel normal ! Avant le film, le jingle du Festival (et son Carnaval sonore!) est généreusement applaudi. Le film se déroule, j’ai peur pour l’équipe. Ma voisine se bidonne devant les scènes très réalistes de situations, parfois humiliantes, bien connues des chômeurs, c’est gênant. J’ai l’impression de voir un documentaire dans lequel Lindon se fond parfaitement. Dès le début du générique de fin, la salle s’enflamme à nouveau, l’équipe s’embrasse. Plus les applaus s’intensifient, plus Lindon pleure et plus il pleure, en gros plan sur l’écran géant, plus les applaus s’intensifient. C’est beau toutes ces émotions palpables ! Je ne sais pas si ça fera avancer le débat sur le chômage mais j’ai juste envie de dire « merci pour ce moment ! »

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Presque 10 minutes d’ovation… @see-by-c

To be continued….ici !

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5 réflexions sur « Festival de Cannes, épisode un »

    1. oui c’est comme ça que j’ai compris qq trucs !! 😉 Merci pour tes compliments, ça fait plaisir…

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