Le compte à rebours a commencé
Dans moins d’un mois tous les accros au 7e art auront les yeux tournés vers Cannes, capitale du cinéma… au moins pendant 10 jours ! Check list sur ce qu’il faut savoir de cette 68e édition qui aura lieu du 13 au 24 mai.
L’affiche
Après Marcello le magnifique l’an passé, c’est Ingrid Bergman, qui aurait eu 100 ans cette année, qui est à l’honneur sur l’affiche. Une soirée hommage lui sera consacrée avec la projection d’un documentaire « Ingrid Bergman, in her own words », projeté dans le cadre de Cannes Classics. Je trouve l’affiche un peu trop « fade » malgré le sourire d’Ingrid et j’ai hâte qu’on revienne à des affiches hautes en couleur. Me trompe-je ?
Les présidents du jury
Joli clin du Festival : choisir deux frères comme présidents l’année de la célébration des 120 ans de l’invention du cinématographe par les frangins Lumière. Et quel choix ! Joel et Ethan Coen sont des habitués de Cannes : 8 fois sélectionnés en compétition, 3 fois récompensés par le prix de la mise en scène (1991, 1996 et 2001), un grand prix du jury en 2013… et THE Palme d’or pour « Barton Fink » en 1991 (année présidée par Roman Polanski). Quand on connaît un peu leur cinéma décalé, on a hâte de voir quels films ils vont récompenser. C’est la première fois qu’un duo présidera.
Le jury
Avec une présidence à deux têtes qui a bien décidé de voter individuellement, le jury sera composé de 7 membres, au lieu de 8 les années précédentes. Joli choix avec de fortes personnalités : les actrices Rossy de Palma et Sienna Miller ; l’auteur-compositeur Rokia Traoré ; l’acteur Jake Gyllenhaal ; les réalisateurs Guillermo del Toro et Xavier Dolan ; et notre Sophie Marceau nationale qui a une loooongue histoire avec le Festival, entre films, mots incompris en pleine cérémonie et sein dévoilé sur tapis rouge.
Le président
Pierre Lescure succède à Gilles Jacob au poste de président du Festival. Gilles Jacob sera là, toujours président, mais cette fois de la Cinéfondation et ne manquera pas d’alimenter les débats sur Twitter où il est très actif (@jajacobbi). Il a désigné Abderrahmane Sissako (réalisateur de « Timbuktu », César du meilleur film) président du Jury de la Cinéfondation qui décernera la Palme d’or du court métrage, lors de la cérémonie de clôture du Festival, dimanche 24 mai.
La cérémonie
On l’a trouvé perfect l’an passé comme maître de cérémonie. A l’ouverture, il avait fait tournoyer Nicole Kidman ce qui avait décontracté cette présentation souvent trop figée (comme le visage de Nicole ?). C’est donc l’élégant Lambert Wilson qui re-signe cette année. Aura-t-il un costume « rouge sang séché » (selon ses propres mots) comme l’an dernier ? J’crois pas ! 😉
La sélection officielle
La team du Festival a visionné 1 854 films du monde entier pour n’en retenir qu’une cinquantaine. On ne s’intéressera ici qu’aux films français sinon il vous faudrait 3 jours de lecture de noms imprononçables! Sur les 17 films sélectionnés en « officielle », 5 sont français dont deux réalisés par des femmes :
– « Mon roi » de Maïwenn (grand prix du jury 2011 avec « Polisse »)
– « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli (« La guerre est déclarée »)
– « Dheepan » de Jacques Audiard (« De rouille et d’os »)
– «La loi du marché » de Stéphane Brizé (« Je ne suis pas là pour être aimé »)
– « Valley of love » de Guillaume Nicloux
Le film d’ouverture
Le Festival ne pourra pas faire pire que l’an passé avec « Grace de Monaco » ! Je me réjouis que ce soit un film d’Emmanuelle Bercot qui ouvre les festivités. J’ai beaucoup aimé son précédent film « Elle s’en va ». « La tête haute » raconte le parcours éducatif d’un jeune délinquant, de l’enfance à l’âge adulte, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent de sauver. C’est forcément moins glam’ que la princesse de Monaco mais on entrera dans le Festival avec deux actrices que j’adore : Catherine Deneuve et Sara Forestier. Le Festival donne-t-il le ton en mettant en avant un cinéma social ? En tout cas c’est le choix de Thierry Frémaux d’ouvrir avec « une œuvre différente, forte et émouvante, qui dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui ».
Le choix du film de clôture marque cette même démarche avec « La glace et le ciel », documentaire mettant en image le destin de Claude Lorius et son travail de recherche dans les glaces de l’Antarctique. Le film de Luc Jacquet fait un état des lieux de notre planète et son avenir. Il alimentera certainement les débats tout en invitant les spectateurs à comprendre et se mobiliser.
Les sélections parallèles
A Cannes on parle souvent de la sélection officielle dont les projections du soir attirent les badauds (et les médias) pour la montée des marches. Mais il a d’autres sections qui permettent de découvrir de nouveaux auteurs qui seront peut-être plus tard sélectionnés dans « l’officielle », comme Valérie Donzelli et Stéphane Brizé cette année.
La Semaine de la critique : beaucoup de premiers films dont celui du comédien Louis Garrel, « Les deux amis », qui sera forcément plus médiatisé que les autres. Adèle Exarchopoulos et Tahar Rahim ouvriront la sélection avec « Les anarchistes », 2e film d’Elie Wajeman. Un autre film français clôturera la semaine : « La Vie en grand » de Mathieu Vadepied. C’est la comédienne et réalisatrice, habituée du Festival, qui présidera cette sélection : Ronit Elkabetz.
La quinzaine des réalisateurs : c’est dans cette sélection que l’an dernier « Les combattants » de Thomas Cailley a commencé son joli parcours jusqu’aux César (récompensé 3 fois, comme « premier film » et pour ses 2 comédiens, Adèle Haenel et Kévin Azaïs). 19 longs métrages et 11 courts métrages (dont « Pitchoune » de Reda Kateb) ont été sélectionnés. Parmi les 4 films français, le film d’Arnaud Desplechin, un temps pressenti en compétition officielle, sera présenté le 15 mai : « Trois souvenirs de ma jeunesse », sorte de préquel de son film « Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) », présenté à Cannes en 1996, avec Mathieu Amalric qui reprend le rôle qui lui a valu le César du meilleur espoir presque 20 ans plus tôt.
Un certain regard : 14 films seront présentés dans cette sélection présidée par la fille d’Ingrid Bergman, Isabella Rossellini. Elle aura notamment dans son jury, l’acteur Tahar Rahim. Un film frenchy : « Je suis un soldat », de Laurent Larivière, avec Louise Bourgoin. A suivre…
Sans oublier la sélection de l’ACID, une association qui défend le cinéma indépendant, présente à Cannes depuis 1993. Ce sont des cinéastes qui choisissent les films : 9 longs métrages projetés dans 3 cinémas de la ville. L’Acid accompagne ces films au-delà de Cannes dans plusieurs festivals, repris cet automne à Paris au Louxor, à Lyon au Comœdia.
Quand on découvre la liste de tous les premiers films présents à Cannes, c’est difficile de cerner juste sur des noms ceux qui vont nous attirer. C’est Sabine Azéma qui aura la mission de décerner la Caméra d’or au meilleur premier film avec son jury. Pour ma part, il y en a un que j’ai déjà très envie de voir dans cette sélection : « Gaz de France » de Benoît Forgeard avec l’excellent Olivier Rabourdin et Philippe Katerine dans le rôle du président de la France de 2020. So excited !
Les stars
Ce sera une nouvelle fois un bon cru pour le glamour. Voici quelques personnalités attendues : Natalie Portman (qui présentera son 1er film comme réalisatrice), Charlize Theron (dans « Mad Max »), Marion Cotillard (comme d’hab’), Emma Stone (dans le nouveau Woody Allen), Isabelle Huppert (dans un film norvégien et dans le Guillaume Nicloux avec Gérard Depardieu), Naomi Watts (dans le film de Gus Van Sant, The see of trees), Ariane Ascaride (dans le nouveau Guédiguian) Léa Seydoux, Cate Blanchett (dans « Carol », un road trip amoureux dans l’Amérique des années 50 dont je vous reparlerai forcément !), Diane Kruger, Michael Fassbender, Benicio del Toro, Harvey Keitel…
Les films d’animation présentés vont être un bon prétexte pour fouler le tapis rouge pour les comédiens qui ont doublé les personnages. D’un côté Pierre Niney, Mélanie Laurent, Charlotte Le Bon, Marilou Berry et Gilles Lellouche pour le dernier Pixar, « Vice-Versa », et de l’autre « Le Petit Prince » avec les voix d’André Dussollier, Marion Cottillard, Guillaume Gallienne, Florence Foresti, Laurent Lafitte et Vincent Lindon. Même pour une petite participation, ils feront certainement tous le voyage !!
Amy Winehouse réapparaîtra comme par magie dans le documentaire qui lui est consacré. Gaspard Noé viendra vaporiser un parfum de scandale, 13 ans après « Irréversible » (dont la salle du Palais se souvient encore), avec un film très sexe mais qui s’intitule « Love ». Les deux films seront projetés en séance spéciale à minuit. Hot ! Hot ! Hot !
Les partenaires
Le Festival est une machine de guerre… commerciale. On retrouvera les partenaires habituels : Chopard mettra son savoir-faire au service de la Palme d’or ; les égéries L’Oréal prendront la pose sur tapis rouge ; Canal + installera son grand barnum qui animera La Croisette et diffusera les deux cérémonies ; Orange avec la société 2P2L géreront la télé du Festival.
Un « petit » nouveau cette année : le groupe Kering (ex PPR, Printemps, Pinault, Redoute) dont la stratégie se tourne clairement vers l’univers du luxe (Gucci, Saint Laurent, Balenciaga, Boucheron…). Son partenariat avec le Festival se concrétisera avec un programme de rencontres et de masterclass destiné à valoriser les femmes dans le 7e art, Women in Motion. Dès l’an prochain, les prix Women in Motion seront attribués à une personnalité emblématique du cinéma. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler. Mais il est clair que chaque année la diversité fait polémique au Festival et qu’il y a une réelle envie de faire évoluer les choses. A suivre également !
Le buzz
On le sait, il faut buzzer… et Thierry Frémaux a déjà « frappé ». Le délégué général du Festival a fait trembler toute la web galaxy en annonçant qu’il allait interdire les selfies sur le tapis rouge.
Depuis, il s’est expliqué sur le fait que ça concernait moins les stars que les anonymes, qui perturbaient le protocole de la montée des marches. On ne voit pas bien comment il aurait pu « faire la police ». J’imagine même que certains vont faire les malins et on verra peut-être le premier selfion sur tapis rouge. Je crains le pire ! Brrr, ce 68e Festival s’annonce décidément très excitant !
Et vous ?
Que représente le Festival de Cannes ? Une occasion exceptionnelle de voir des films, de retrouver des connaissances, de s’en faire de nouvelles, de faire du business, de faire la teuf, de voir et d’être vu… de faire des selfies pourris ? Ou rien du tout !!
Bon ben me voilà au courant de (presque) tout !
Bravo Carole !
Même si je ne suis vraiment pas fan de l’ambiance festivalière cannoise pour l’avoir vécue dans ma jeunesse. Il n’en reste pas moins que l’aura internationale de cet évènement est indéniable.
Et puis c’est bientôt l’heure de revoir le barnum Canal+ se prendre des trombes d’eau dans la tronche pendant 10 jours.
J’ai hâte.
On verra bien ce que la météo nous réserve !! 😉
Excellent reportage sur le festival, le plus grand de tous! Quel souvenir à chaque fois. La première fois que j’y suis allé, c’était en 1995 il y a donc 20 ans. Mes yeux brillés de toute part.
Lambert Wilson top classe pour présenter la cérémonie.
Il faudrait aussi parler un peu du marché du film où l’on eut découvrir des perles et des films venus des 4 coins du monde .
Merci JHF ! C’est sûr que c’est encore au marché du film qu’il y a le plus de films. Je pense à faire un post sur un jeune réalisateur qui présenterait son film afin de trouver un distributeur, histoire de montrer que derrière le glamour du festival il y a des passionnés qui tente un parcours du combattant pour faire aboutir leur projet. A suivre !!
Super l’article, très bien écrit et la synthèse de tout ce qu’il y a à savoir !! Merci Carole !
Pour l’affiche, je m’attendais à mieux… on en a eu de très belles ces dernières années que celle-ci, je te rejoins sur le côté fade donc triste malgré le beau sourire d’Ingrid…, et je la trouve « vieillotte », dommage. Mais cela n’empêchera pas un beau festival cette année, même si, habitant Cannes, je ne m’y rends presque jamais, je suis l’actu sur le petit écran (en fait, c’est presque mieux que surplace de loin et derrière des têtes qui te gênent tout le temps…) 😉
Merci Béa ! J’espère que j’aurai des choses à dire sur le blog sur ce Festival, j’espère surtout avoir le temps car je compte bien voir, voir et encore voir des films !!
Cannes ou Chambord , quel dilemme ?
Private joke »………
Les deux ! les marches de Chambord sont plus nombreuses que celles de Cannes, je devrais être au top !
Le meilleur résumé du festival (before) que j’ai jamais lu! Bravo Krol. J’adore et ça donne hyper envie de bouffer du film et de faire la fête cette année!
Pressée de te suivre au jour le jour!
Merci Sophie ! 😉