La grande famille
du cinéma français
Le soir de la cérémonie des César, je n’étais pas devant ma télé comme les 40 années précédentes (lire ici). J’étais dans une salle de cinéma, avec plus de 150 spectateurs pour le film « Les ogres » qui sortira le 16 mars. J’ai résisté et je n’ai ni allumé la radio ni consulté les réseaux sociaux pour tenter de garder le suspense. J’ai donc découvert la soirée en replay le lendemain matin.
Comme on s’y attendait, Miss Foresti a tout de suite pris les choses en main avec son ton, ses mimiques, son tutoiement (« Elle est où Hidalgo ? ») et son utilisation abusive du téléphone qui peut donner du bon (comme les scénarios différents s’il y avait eu le portable et ses applications), du moyen bon (le selfie avec Louane pour sa fille) et du carrément naze (le gag sur l’absence de Vincent Cassel).
Ouverture à l’américaine, disparition du (vilain) pupitre habituel (voir ici) pour un simple micro sur pied (comme aux Oscars). Comme dans les cérémonies américaines, on a demandé aux lauréats de faire bref côté discours ; aussi dès 2’30 une musique viendra leur rappeler qu’ils sont hors délais. Je suis partagée sur cette idée car c’est vrai qu’on a évité les remerciements sans fin, mais d’un autre côté ce timing imposé a aussi éliminé tout discours engagé, revendicatif… il n’y a même pas eu d’intervention d’intermittents alors que c’est toujours une occasion de s’adresser directement au Ministre assis dans la salle. On a peut-être voulu éviter ce « bizutage » à Mme Azoulay. Je dois admettre que j’étais quand même ravie de voir toutes ces femmes, actrices, réalisatrices primées, remettantes de César, maire de Paris ou ministre. ça nous a évité une ultime controverse sur la parité. Ouf !
Flo a fait le job, elle me bluffe à chaque fois avec sa capacité à tenir une salle sur son énergie. Notre « Demi Moore » a fait plier en deux l’assemblée réputée tendue (Calmez-vous, les gens vont croire qu’on s’amuse!) et a réussi à placer quelques messages pour relativiser l’importance des César (finalement ce ne sont que 4276 membres dont seulement 80% voteront au second tour uniquement pour recevoir l’an prochain le coffret de 129 DVD, bref, une poignée de radins !) ou pour rappeler aux esprits limités de certains pays (et du nôtre ?) que ce qu’on voit sur un écran ce n’est pas la réalité, que les acteurs ne sont pas leur personnage… (Depardieu n’a pas découvert l’Amérique, mais la Russie!) et qu’on ne tape ni sur une actrice, ni sur personne en règle générale. C’était bien de le rappeler et de mettre en lumière Loubna Abidar, comédienne de « Much Loved ».
Il y a toujours des interventions de « remettants » qui marquent plus que d’autres… ma préférée, celle de Zabou et Pierre Deladonchamps, en écho à leur échange de l’an passé, Audrey Lamy qui pousse son chant d’amour aux ingés son, Jérôme Commandeur (vous vous dites : « Tiens, il y eu un désistement » ?).
D’autres moments me reviennent en tête, des petites touches : Voir Jean-Hugues Anglade arriver sur scène sur la musique de Gabriel Yared pour « 37°2 » est un bonbon tout comme voir débouler Christophe Lambert à la fin de la reprise de « It’s only mystery », chanson de « Subway », par la reine Christine pour raconter une anecdote sur Michael Douglas à qui la MC de soirée dira plus tard « J’ai des pulsions de mort et de sexe qui se mélangent quand je vous regarde, faut que je redescende que je trouve quelqu’un qui me calme, il est où Terzian ?« J’étais ravie que « Fatima » remporte le prix du meilleur film (ou film préféré comme l’a justement précisé Miss Flo) d’abord parce que c’est un excellent film, qu’il dit beaucoup sur notre société, montre des situations difficiles sans être négatif, que c’est un film qui rassemble et parce que c’était encore une occasion de voir Philippe Faucon monter sur scène et parler avec son débit unique qui va à l’encontre du timing imposé ! Et puis il était le seul à ne pas être nommé comme réalisateur contrairement aux auteurs des 7 autres films en lice. Bim ! Voir le palmarès ici.
Je ne sais pas si la grande famille du cinéma existe vraiment mais celle du théâtre ambulant du film « Les ogres » est bien réelle. Léa Fehner la réalisatrice a fait jouer ses parents, sa sœur et ses enfants, son fils, son mari a monté le film. Elle nous entraine dans le tourbillon infernal de leur itinérance entre la vie et la mort, amour et création. Un film puissant et long (2h30) qui pourrait bien être au programme des César 2017 !
Je garde dans ma valise à César :
– Les sketchs de Foresti, surtout « Bloquées »
– Lelouch qui rend hommage aux oubliés des César et qui sont bien plus nombreux que les primés !
– Le sourire radieux de Zita Hanrot (Espoir féminin)
– La voix qui vrille sous l’émotion de Rod Paradot (Espoir masculin) et son « je dois remercier enfin je dois pas je le fais parce que j’ai envie » et qui remercie la CPE de son bahut.
–Audrey Lamy qui clame son amour aux ingés son
– La robe de Deborah François
– L’hommage aux disparus sur du Bowie
– Zabou et Pierre : « on rigole, on boit des coups , c’est ça le vivre ensemble ».
– L’émotion de Binoche face à Benoit Magimel, le père de sa fille, qui reçoit son César.
– Le discours de Catherine Frot qui remercie le public : « Je fais des films très différents, que le public me suive me touche ».
– Revoir des bouts de films aimés ou des visages comme celui de Jafar Panahi.
Je jette sans regret :
– La blague sur « Fatima et les cow-boys » qui a gâché la présentation de ces deux films.
– L’intervention du PalmaShow, pourtant excellents d’habitude, qui ont voulu jouer les mauvais élèves et ont été mauvais tout court.
– Le peu d’hommage rendu aux grands réalisateurs disparus et le fait que chaque année, je connaisse de plus en plus de noms dans cette triste catégorie.
– La lecture du prompteur… qui casse toute spontanéité.
c’était une trse bonne soirée comme tu l’as bien décrite; mais faudrait pas oublier les anciens presentateurs qui étaient biens.
Bien d’accord avec toi. Alain Terzian a dit à l’after qu’il y aurait un avant et un après Foresti, je trouve ça très limite pour les excellents Bear, Lemercier et de Caunes !Mais ça devait être sous le coup de l’euphorie!
bravo tout est dit dans cet article! J’ai aimé cette soirée en même temps je suis pas objective j’adore florence foresti je suis bon public! 😉 J’ai découvert certains films et redécouvert d’autres, il y avait beaucoup d’émotion et je ne me suis pas ennuyée! je dis vivement l’année prochaine!
Moi aussi je l’adore Floflo ! Remember : http://see-by-c.com/florence-foresti-madame-a-ramatuelle/
J’ai raté ce cru 2016, comme le 2015, 2014, 2013, ad lib. En fait je crois que mon grand souvenir n’est pas un souvenir de César, mais d’Oscar. Un indice: « Taïtanic!!!!!! » (remember 1998, il y avait des filles et un chat).
OMG ! ça nous ramène loin tout ça et Leonardo était tout minot !
Et Kate aussi!
N’empêche qu’ils sont tous les deux là au sommet !La classe !
C’est clair… un parcours presque sans faute!
bonjour, je viens de tomber sur cet article et je suis ravie car j’avais raté la cérémonie et vous m’avez dit ce qu’il fallait savoir. J’ai gagné 3 heures ! Merci et bravo pour votre ton que j’apprécie! Vous envoyez une newsletter tous les combien ?
Merci Ariane votre commentaire me va droit au coeur ! Si vous avez peur d’être submergée par mes newsletters je n’en envoie qu’une par mois histoire de vous dire ce qu’il s’est passé sur le blog mais pas plus !