3 jours fous avec Catherine
Depuis le début de du festival, Catherine est partout… sur nos tickets, les affiches, dans le métro, les sets de table, son regard s’étire le long de l’Institut Lumière ! Elle est partout… mais comme dirait Vianney, elle n’est pas là ! Pourtant, la star est attendue demain, vendredi, pour recevoir son prix, premier Prix Lumière remis à une femme, succédant à Clint, Gérard, Pedro, Martin, Ken…
Day 0
On est jeudi et il pleut sur Lyon. Un temps à aller au ciné ! Dernière séance de la journée, première projo d’un film avec la Deneuve, « Le vent de la nuit ». Emmanuelle Bercot a bravé la pluie pour nous présenter le très beau film de Philippe Garrel, où selon elle nous devrions capter un peu de ce qu’est vraiment Catherine. L’actrice confiait aux Cahiers du cinéma l’année de sa sortie (1990) : « Ce personnage, je le sentais très bien, il était proche de moi, je pouvais facilement l’imaginer. Mais il fallait que je le quitte parce que je trouvais ça lourd. Trop vrai. » Une rumeur court que Cath est arrivée… Halleluia !
Day 1
Vendredi is THE day. On a RDV ce soir avec la reine Catherine pour son sacre à l’Amphi 3000. Dans la journée, la star est attendue pour SA marsterclass au Théâtre des Célestins. En vadrouille dans le quartier quelques heures avant, une poignée de motivés fait déjà la queue sous un ciel menaçant. Pourquoi rester plantée-là alors que Lyon offre de si belles adresses, comme le jardin suspendu du Musée Gadagne dans le Vieux Lyon. Nous décidons de nous y poser pour le dej. A scruter les détails de ce lieu plein de charme, je me dis que ce jardin caché plairait à Catherine, fan de jardinage et amoureuse des plantes.
La masterclass est retransmise en direct sur la radio du Festival. C’est confortablement installée au bar du village que je l’écoute en sirotant un chocolat chaud. Ma voisine a eu la même idée et on échange sourires et regards complices durant toute l’émission. Un RDV à distance, sans images mais chargée d’émotions.
RDV A L’AMPHI
J’ai des amis formidables ! Ils sont allés faire la queue très tôt pour choper les bonnes places pour la remise du Prix, pendant que je reprends une ultime dose de cinéma à l’Institut avec un docu sur Walter Hill signé Jean-Pierre Lavoignat. Dehors, un temps à dégainer tous les parapluies de Cherbourg. Je délaisse le VéloV pour le bus bondé qui peine à se frayer un chemin dans les embouteillages. Les sms qui ponctuent mon interminable périple m’amènent les good news : ma team est en place dans les premiers rangs. Lucky girl je suis !
Quand je pénètre enfin dans l’immense amphi, la vue du haut des gradins est incroyable. Sur tous les fauteuils le visage de Catherine se répète en Une du journal du Festival. Quelle jolie idée ! L’effet est fantastique.
Sur l’estrade centrale, chaque fauteuil porte le nom d’un invité : Kiberlain, Lindon, Polanski, Honoré, Paredes, Mastroianni, Tarantino, Sagnier, Depardieu (Julie), Hands, Lartigau, Le Guay….
Le temps qu’ils prennent place, on peut enfin accueillir celle que nous attendons tous. Quand elle apparait enfin, les applaudissements redoublent, mon ventre se noue, l’émotion me monte aux yeux… tous les gens autour de moi sont dans le même état, c’est beau tout cet amour palpable !
PREPAREZ VOS MOUCHOIRS
Frémaux, en parfait MC, prend la main. Je suis épatée par son aisance à prendre la parole devant de si grandes audiences. Il nous entraine sur son sujet fétiche, le cinéma des Frères Lumière et commente des séquences. Etre au milieu d’une si grande salle qui rit ou s’émeut devant des images centenaires est un régal. Célébrons Catherine ! On est tous là pour ça !
Natalie Dessay, qui « voulait faire Catherine Deneuve comme métier » quand elle était petite se régale de chanter Les parapluies…devant son idole. Puis une mélodie des Demoiselles de Rochefort avec un Lambert Wilson qu’on ne pourra plus arrêter (voir la vidéo). Daniel Auteuil envoie un bisou par iPhone. Bertrand Tavernier cite un poème japonais pour la comparer à la « Puissance du vent dans les saules, poussière dorée dans le crépuscule, l’éclat des fleurs de cerisiers ». QT se remémore l’instant où, en présidente à Cannes, Catherine lui remis la palme pour « Pulp Fiction ». Vincent Lindon qui devait cacher son regard humide derrière des lunettes fumées lira le plus beau des discours et rend hommage au nom de nous tous à cette femme qu’il connait bien. (Ne me dites pas merci… il est ici). Roman Polanski avant de lui remettre son trophée lui dit simplement : « À l’époque de Répulsion , je ne pensais pas qu’on tiendrait si longtemps. Je t’aime Catherine ». Catherine, émue mais toute en retenue, sans chichis, prend enfin la parole : « Dans les films que j’ai choisi de montrer à Lyon, il y a un film de Raymond Depardon qui s’appelle Profils Paysans. Je dédie le prix que j’ai reçu à tous les agriculteurs de France ». Surprenante jusqu’au bout !
Pour finir la soirée en chanson, tout ce joli monde sur scène entonne « Dieu est un fumeur de havane » en version karaoké… oui oui Roman, Chiara, Bertrand, Thierry… et même le maire de Lyon, Gérard Collomb.
Tout le public chante aussi, je me retourne pour tenter de capturer dans ma mémoire l’image de cette salle enchantée. Benoit Magimel, les yeux rougis, qui pousse la chansonnette en suivant les paroles sur le grand écran. Je voudrais que ce moment dure plus longtemps que le temps d’une chanson…
Ma cerise sur le gâteau du jour, c’est Mario Gurrieri, photographe, qui interpelle Catherine qui le reconnait illico. Celle-ci vient tout naturellement s’accroupir auprès de lui au bord de la scène pour se prêter à une séance photo. Catherine est là au bout de mon bras et au lieu de shooter comme une brute, je reste peinarde à savourer cet instant juste pour moi ! Traitez moi d’égoïste, peu importe. Par chance les autres photographes ont shooté comme il se doit et c’est via l’Instagram de Hadri_james que j’ai pu avoir mon « souvenir » avec Catherine. Merci !
La salle se vide rapido… ceux qui restent nous rejoignent au plus près de l’écran pour (re)(re)(re)voir « Le sauvage » de Rappeneau où Nelly Deneuve et Martin Montand jouent au chat et à la souris avec leur époux. Je connais ce film par cœur. La dernière fois que je l’ai vu c’était à la Cinémathèque de Paris à la projection de la version restaurée, en présence du Rappeneau, Dabadie, Legrand et Catherine herself. Ce film ne prend pas de rides : le débit de Nelly, les regards de Martin, la musique de Michel Legrand, le pied dans le Lautrec, le plaisir des acteurs à dire les dialogues de Dabadie, la blondeur de Cath sur fond de lagon des Bahamas, le montage impec de Marie-Josèphe Yoyotte (décédée en 2017)… Allez pour le plaiz’, prenez un shoot de ça !
Day 2
Samedi matin, Institut Lumière. On est 3 à espérer pouvoir rentrer en dernière minute dans la petite salle de la villa pour voir « La chamade » d’Alain Cavalier, adapté du roman de Sagan. Comme toujours, ça passe « crème » (comme dirait mon ado de fille !) et je me glisse au premier rang sur la pointe des pieds.
Hyppolite Girardot nous présente ce film où « tout est sable. Tout le génie de CD explose ici avec comme seul effet, le visage de cette femme amoureuse. C’est presque un docu sur CD, sur la femme de cette époque. Lucile est comme Sagan, désespérée donc joyeuse. » Deneuve a 24 ans dans ce film, sublimée par la lumière de Pierre Lhomme et les tenues de Saint-Laurent. A chaque séance, je note des répliques sur un carnet (que j’ai parfois du mal à relire… pas facile d’écrire dans le noir). Dans « la Chamade » une phrase que j’ai fait mienne bien avant d’avoir vu le film : « Je me suis mise en noir parce que je trouve ça plus gai ».
A la sortie la foule s’est densifiée aux abords de l’Institut. Dans quelques heures, Catherine tournera SA version de « La sortie de l’usine Lumière », tout premier film de l’histoire du cinéma tourné en 1895, tout comme Park Chan Wook et Costa-Gavras. J’ai la chance d’être bien placée avec mes nouveaux amis, les photographes de presse, à côté de qui je fais « petite joueuse » avec mon appareil riquiqui ! Je kiffe cette situation. 😉
Les différentes prises s’enchainent dans la bonne humeur. Le cinéaste coréen demande à ses figurants de porter la casquette officielle du Festival et de se filmer avec son smartphone avant l’arrivée de Catherine seule face à la caméra (avec sa casquette SVP !). 3 prises et hop ! On enchaine. Costa-Gavras fait sortir l’actrice (qu’il n’a jamais dirigée) en premier, suivie de la foule qui doit faire un signe à la caméra. Une prise et hop ! C’est au tour de Catherine, qui annonce direct qu’il n’y aura qu’une seule prise. Indication de jeu : faire un geste du quotidien (discuter, fumer, se coiffer…) tout en sortant. Camélia Jordana joue les chanteuses de rue… les figurants assurent et bim, c’est dans la boite !
Alors que les techniciens encadrent le périmètre des caméras, la foule se déplace devant le mur des réalisateurs. Je me glisse dans un p’tit coin contre la grille qui domine la scène. Le soleil a répondu présent et c’est dans une belle lumière que Catherine découvre la plaque de son prix rejoignant celle de ces illustres prédécesseurs qui mériteraient le passage d’OSS !
Pas le temps de revisionner les photos, j’abandonne Catherine pour une séance consacrée à l’histoire du héros de Midnight Express, très intriguant. Un coup de pédale vers le Coemedia pour tenter de rentrer à l’avant-première de Mademoiselle le dernier Park Chan Wook. Peine perdue, la file est si dense qu’on ne peut même plus rentrer dans le cinéma. Pas grave ! Aujourd’hui j’ai été plus que gâtée et une virée nocturne à cheval sur mon VéloV me fera le plus grand bien. Lyon est vraiment la ville lumière !
Day 3
Halle Tony Garnier. Plus de 4000 places. Magnifique salle qui accueille la clôture. J’n’ai plus besoin de me faire prier, je sais là où mon badge peut m’amener aussi je me faufile direct devant la scène, aux premières loges pour shooter les invités et la Miss Catherine dans son trench léopard.
Je lève la tête vers l’écran pour voir un best of d’images du festival qui touche à sa fin. La gorge serrée, je n’en perds pas une miette et parfois je me retourne pour voir la foule qui s’étire loin au fond de la salle. Toute l’équipe du Festival ainsi que tous les bénévoles envahissent la scène. Thierry accueille Régis Wargnier et Linh Dan Pham qui se remémorent le tournage d’Indochine qui sera projeté ensuite. Ils ont les yeux remplis d’émotion. Celle qui tournait son 1er film à l’époque remercie sa « 1ère maman de cinéma » avec la voix qui déraille. Catherine monte sur scène à son tour, je m’habitue à être pas loin d’elle ! Elle a beau se tenir droite, le menton relevé, elle semble réservée. On sent bien qu’elle ne s’éternisera pas dans la lumière.
Trois mots, deux saluts, un arbre en cadeau et zou ! En la regardant partir, je repense à une réplique de Depardieu dans Le Dernier métro : « Vous êtes si belle, que vous voir est une souffrance. Une joie et une souffrance ». Enfin surtout de la joie !;-)
Retour auprès de ma team, au fond de la salle, pour redécouvrir Indochine en version restaurée. Ça fait du bien de voir une telle épopée, on ne fait plus ce genre de films aujourd’hui. Je me rends compte que je connais toute la BO par cœur dont ce tango mère-fille. Double dose de plaisir !
Le festival se referme avec les grilles de Tony Garnier. Sur le chemin du retour, avec ma sister, on joue au jeu des pronostics. Qui pourrait bien être le Prix Lumière 2017 ? En tout cas, au baromètre émotionnel on ne voit pas qui pourrait nous chambouler aussi fort que miss Deniouve !
See U next year Lyon !