La sélection officielle
La team du Festival a visionné 1 906 films du monde entier pour n’en retenir qu’une poignée qui marque « un fort renouvellement générationnel de cinéastes » selon Thierry Frémaux. Ainsi 7 premiers films sont présents en Sélection officielle. Bon, y’aura aussi des habitués dont certains feront leur grand retour sur la Croisette.
Stéphane Brizé met à nouveau en scène Vincent Lindon (« La loi du marché » lui avait valu le Prix d’interprétation en 2015. Lire ici) dans En guerre, qui nous remplongera dans le monde impitoyable du travail. Encore un rôle dans lequel l’acteur s’est investi corps et âme.
Jean-Luc Godard sera en compet avec Le livre d’image, 4 ans après L’Adieu au langage qui lui avait valu un prix du jury.
Christophe Honoré fera son retour plus de 10 ans après Les chanson d’amour avec Plaire, aimer et courir vite. Et hop, je pose une gommette sur cette séance nommée désir !
Eva Husson et Yann Gonzales présenteront leur deuxième film : Les filles du soleil pour elle et Un couteau dans le cœur pour lui. Dès l’annonce de ce dernier, ça s’est déchainé sévère sur les réseaux locaux. Il faut dire que Yann Gonzales est du coin aussi c’est avec tout le 06 dans ses semelles qu’il grimpera en haut des marches avec à son bras, son actrice, Vanessa Paradis. Et bim, gommette !
A noter la présence en compet de l’Américain David Robert Mitchell, avec le thriller Under the Silver Lake. Son film It Follows, présenté à la Semaine de la critique en 2014, est toujours ancré dans ma mémoire. Brrr…
Grand retour de Spike Lee, après plus de 20 ans, avec Blackkklansman, film rageur sur la situation de la communauté noire américaine dans lequel on verra Harry Belafonte.
Si Jafar Panahi est là pour présenter son film Three faces, ce sera l’événement le plus important de ce festival, mais il fera moins de buzz que si Sophie Marceau nous montre sa culotte… Le réalisateur iranien, qui a obtenu la Caméra d’or pour son 1er film, « Le ballon blanc » en 1995, est toujours sous le joug d’une interdiction de faire des films et de quitter son pays, suite à une condamnation pour propagande anti régime. L’auteur, qui tourne coûte que coûte, faisant fi des menaces, voit ses films sélectionnés et récompensés en festival. Son précédent, « Taxi Téhéran », filmé au téléphone recevra l’ours d’or à Berlin en 2015. Le Festival de Cannes a écrit aux autorités iraniennes pour l’autoriser à venir présenter son travail d’artiste. J’espère qu’en cas de ixième refus, le Festival lui remettra illico une Palme d’or symbolique.
Déclaré persona non grata 7 ans plus tôt, suite à quelques dérapages « nazillards », Lars Von Trier a reçu l’autorisation de revenir à Cannes, lui ! Et oui, le réalisateur danois, sera de retour et pour être sûr qu’il n’obtienne pas la Palme (on ne sait jamais !) il jouera hors compétition avec son film « The house that Jake built » avec Matt Dillon et Uma Thurman. What did you expect ?
Séances spéciales
« La traversée » de Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, documentaire de 90 minutes sur la France d’aujourd’hui, 50 ans après mai 68.
« Pape François – Un homme de parole« , documentaire signé Win Wenders.
Un film d’animation, « Another day of life » de Damian Nenow et Raul De La Fuente, sur la guerre civile en Angola en 1970 vue par le grand reporter de guerre Ryszard Kapuscinski.
Hors compétiton, ça m’a fait un choc quand j’ai entendu Gilles Lellouche mais j’ai très envie de découvrir Le Grand bain, qui met en scène une bande de quadras qui décide de faire de la natation synchronisée. Le casting est très excitant : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade, et mon préféré : Philippe Katerine. En plus le film a été tourné dans la piscine du Kremlin-Bicêtre où j’avais mes habitudes il fut un un temps ! Gommette pour cette séance qui s’annonce déglinguée !
Hors compétition, et ça ne choque plus personne qu’un Star Wars aille à Cannes (« L’attaque des clones » en 2002, « La revenche des Sith » en 2005). 2018 aura donc son Star Wars avec Solo : A Star Wars story, deuxième spin-off de la saga sur la jeunesse de Han Solo. Co-écrit par Lawrence Kasdan et réalisé par Ron Howard, interprété par Woody Harrelson, ça me ferait presqu’envie ! Bon, il sera sur TOUS mais alors TOUS les écrans de France le 23 mai. Merci la Disney Company qui ne va laisser que très peu de place à « Mutafukaz », bijou d’animation française par le talentueux RUN.
Dans la section Un Certain Regard, présidé par Benicio del Toro, on pourra découvrir, A genoux les gars d’Antoine Desrosières, qui traite des rapports homme-femme et dont le scénario et les dialogues ont été co-écrits avec les actrices du film.
Gueule d’ange de Vanessa Filho permettra à Marion Cotillard de venir à Cannes, comme chaque année ! Le sujet : une jeune mère seule avec sa fille qui part après une virée en boite, laissant son enfant seule.
Autre habituée : l’italienne Valéria Golino viendra présenter son 3è long-métrage, Euphoria.
Mais dans cette section ma gommette d’or ira à « Les chatouilles » de Andrea Bescond et Eric Métayer, tiré du spectacle éponyme. Andrea a écrit et interprété sur scène cette histoire, celle d’une enfant dont l’ami de ses parents lui inflige un jeu de « chatouilles »… elle deviendra danseuse ce qui la sauvera. Le spectacle, mis en scène par Eric Métayer, bénéficie d’un bon bouche à oreille, séduit les publics partout où il passe et reçoit le Molière du « seul en scène » ainsi qu’une multitude de prix.
Le succès libère la parole autour du sujet délicat de viol d’enfants et de ses dommages collatéraux. Un producteur s’y intéresse pour l’adapter au cinéma, les têtes d’affiche suivent, emballées par le spectacle et le scénario sur un sujet si fort. Karine Viard, Clovis Cornillac et Pierre Deladonchamps viendront défendre ce film avec conviction. « Les chatouilles », produit par les films du kiosque sera en salles le 26 septembre.
WTF… c’est pas fini ! A Cannes il y a aussi Cannes Classics, THE section patrimoine dans laquelle il n’y a pas de surprises… tous les films sont bons ! Des films en version restaurée (Le voleur de bicyclette de De Sica(1948) , Voyage à Tokyo de Ozu (1953), Vertigo d’Hitchcock (1958), La garçonnière de B.Wilder (1960), La religieuse de Rivette (1965), L’une chante,l’autre pas de A.Varda (1977), etc à voir ou revoir sur grand écran, c’est le vrai bonheur de cette section. Il y a de plus en plus de films qui ne me semblaient pas si vieux, preuve que la vieille… c’est moi ! « Bagdad café », « Grease », le « Cyrano » de JP Rappeneau (1990). Et même « Le grand bleu » dont les images de la montée des marches de Luc Besson et son casting me reviennent à l’esprit. Les smokings bleu et la robe vichy, c’était… il y a 30 ans ! OMG ! Le film s’était fait démonter par la critique (voir ici) mais le succès public fut immense. Si je ne fais qu’une séance au cinéma de la plage ce sera celle-là… et ce soir-là j’aurai peut-être à nouveau 18 ans ! 😉
La séance événement de Cannes Classics ce sera « 2001 : L’Odyssée de l’espace », sorti il y a 50 ans. Ce n’est pas une version restaurée qui sera projetée en salle Debussy mais une nouvelle copie 70 mm tirée du négatif original, soit la version originale de Stanley Kubrick projetée en 1968. La séance (avec entracte, le film dure 2h44) sera présentée par Christopher Nolan, qui donnera sa masterclass le dimanche 13.
Puis il y aura les docus que j’affectionne : « Jane Fonda in 5 acts » parce qu’elle le vaut bien, deux docus sur Bergman dont on marquera le centenaire.
J’ai déjà hâte de découvrir le docu de Pamela B.Greene consacré à la première femme réalisatrice, productrice et directrice de studios de l’histoire du cinéma, Alice Guy Blaché. Quand les femmes réalisatrices mettent en lumière celles que les hommes ont omis de mentionner dans les livres d’histoire ! J’ai envie d’applaudir !
La suite par ici !