On en a rêvé, le voici !
Ça y est ! On y est ! Et en même temps on peine encore à y croire vraiment : le festival de Cannes is back in town !
Previously in Cannes
Mai 2019, il y a une éternité, nous étions des milliers d’insouciants à se bousculer à l’entrée des salles obscures pour découvrir un nouvel univers ou simplement vivre des émotions. Cette 72e édition était idéale : la sélection était parfaite et marquait le retour en compet’ de réalisateurs déjà honorés à Cannes (Almodovar, Tarantino, Kechiche, Loach, Dardenne, Malik, Desplechin, Bellochio, Dolan…) ; le président Inaritu pouvait faire confiance à son jury 50-50 (cf paritaire), avec 6 réalisateurs-trices pointus (Campillo, Lanthinos, Pawlikowski, Rohrwacher, Reichardt, Bilal) et 2 actrices dont une égérie L’Oréal-qui-le-vaut-bien (Elle Fanning) ; on avait ouvert avec le film de zombie de Jim Jarmush (The dead don’t die) assurant une montée des marches rock’n’roll ; Charlotte Gainsbourg et Javier Bardem avaient déclaré « open » cette édition devant leur réalisateur de « 21 grammes », film sur lequel ils s’étaient rencontrés… C’était magique ! Varda était sur l’affiche orangée et veillait sur tous les cinéphiles du monde entier rassemblés dans le village cannois.
Emotions 2019
Je me souviens que Pedro (Almodovar… qui d’autre ?) était passé à côté de la Palme pour son très personnel « Douleur et gloire » (son acteur Antonio Banderas avait reçu le prix d’interprétation pour avoir composé un Pedro plus vrai que nature. Une compensation ?). Avec le recul, comment imaginer que « Parasite » ne reçoive pas la plus haute récompense (et toutes celles qui ont suivi) tant cette palme a mis tout le monde d’accord, critique et public. Un miracle !
Je n’oublierai jamais mon émotion, à la sortie du grand auditorium, après la projection du sublime « Portrait de la jeune fille en feu » mais je n’oublierai jamais le mélange de gêne et de questionnement devant les 4h d’images de « fesses agitées » du toujours inédit «Intermezzo» de Kechiche dans cette même salle. Quelle chance de pouvoir vivre autant de sentiments différents dans un même lieu et surtout de le partager avec autant de personnes toutes passionnées (ce qui ne veut pas dire « d’accord », bien au contraire !). Il suffit de se replonger dans la liste des films présentés au monde cette année-là, toutes sections confondues, pour mesurer l’exception de ce cru 2019.
Nanounanounanounaaaa (comme dirait Eddy M.)
On avait clôturé la bamboche du cinoche par la projection, non pas de la Palme, mais d’un film en avant-première pour cette « dernière séance ». Les organisateurs avaient fait ce choix pour éviter de plomber l’ambiance avec le visionnage d’une palme d’or « déprimante » et de finir de manière plus festive. Si Parasite pouvait remplir tous les critères, c’est le « Hors normes » des Toledano-Nakache qui bouclait les festivités dans un bel esprit de bienveillance.
Green festival ?
Sans gâcher la teuf mais histoire d’appuyer là où ça fait mal, Cyril Dion avait lancé un appel au monde du cinéma pour agir face à la crise environnementale. Le réalisateur du docu « Demain » avait interpelé les organisateurs du plus grand festival au monde sur la pollution engendrée par les yachts, les jets, les limousines, le gâchis de nourriture ou encore de la conso abusive de papier et de plastique… Le sujet est récurrent mais il va falloir prendre des décisions, c’est certain. C’est même urgent.
En route vers 2020
Bref, le cinéma nous avait montré le monde actuel et on s’était quitté en se disant naïvement « à l’année prochaine ».
Depuis… ben comment dire ? On a appris des mots nouveaux ou qu’on ne maitrisait pas bien comme pandémie, distanciation sociale, distanciel, présentiel, pangolin, variant, hydro-alcoolique, antigénique, on est devenu pointu au point de se demander s’il fallait parler de LE ou LA Covid ! On a été confiné, déconfiné, reconfiné… on a dû sortir avec des attestations, rentrer avant le couvre-feu, porter ce fucking masque à longueur de journée. On a appris à lire dans les yeux, à se laver les mains, à faire des apéros en visio… on a laissé nos vieux mourir seuls, nos étudiants crever la dalle, on a écouté le président dire qu’on était en guerre, on a applaudi des soignants mal payés… on a été contre, puis pour, puis re-contre… au point de ne plus savoir quoi penser. On a rêvé d’un monde différent, avec moins de pollution, plus de consommation responsable… on rêvait.
A côté de ça, l’annulation du l’édition du Festival de Cannes 2020 parait dérisoire. Les organisateurs nous ont quand même pondu une sélection de fortune, pour soutenir quelques titres qui allaient souffrir de la fermeture des cinémas, mais qui n’aurait jamais vu le jour en temps normal. C’est de bon ton « en temps de guerre ». Ils l’ont quand même appelé 73e édition. Je n’aurais pas osé.
Tout change
Si on m’avait dit qu’un jour le Festival aurait lieu en juillet (initialement prévu du 11 au 22 mai 2021) j’aurais hurlé à la folie tant la région se transforme à cette période avec l’affluence des touristes. Et pourtant, je ne peux que me réjouir que cette 74e édition s’ouvre, même en été, même sous le cagnard (je rappelle qu’il fait toujours bon dans une salle de cinéma !), même dans les embouteillages, même avec un masque, même avec son pass sanitaire. Et si cette édition s’annonçait déjà exceptionnelle POUR tout ça ?
Réjouissons-nous donc et que tout soit prétexte à la fête !
Ce qu’il faut savoir sur l’édition 2021, c’est ici.