Festival Lyon Lumière 2016… scène 3

Faites tourner via...
Share on FacebookTweet about this on TwitterEmail this to someone
Previously in Lyon

« Tu vas la taire ta gueule ? »

Mardi 11, jour 3 du Festival Lumière 2016, il fait froid mais beau. Le vélo’V m’amène à l’Institut Lumière avec l’air de François le facteur de « Jour de fête » dans la tête, comme souvent quand je pédale, allez comprendre ! 😉

Sir Alfred…

alfredA 9h30 pour la séance de « Jeux de mains » de Mitchell Leisen, film de 1935, la salle du Hangar est bien remplie mais pas complète. C’est la première fois que je rentre dans cette salle toute noire, pentue, aux grands fauteuils confortables. Sur chaque accoudoir, il y a une plaque dorée sur laquelle est gravé le nom d’un metteur en scène. Le hasard me pose devant celle d’Hitchcock, ça me va ! La star du film, c’est Carole Lombard qui joue le rôle de Regi, manucure dans un palace qui cherche un millionnaire à épouser.affiche-jeux Mon nouvel ami, Antoine Sire  nous présente le film, le premier à être écrit sur-mesure pour l’actrice (en couv de son livre « Hollywood, la cité des femmes » chez Actes Sud). Elle y est divine, drôle et intelligente dans cette comédie réjouissante, avec une scène géniale où son partenaire lui apprend à boire à l’envers pour arrêter un hoquet en plein restaurant. On y trouve aussi bon nombre de répliques drôles dont le « Une soupe à l’oignon et ma vie commence » ou encore « Poignardé dans la cuticule, quelle façon de mourir ! ».

Une marche, s’il vous plait !

A la sortie, la file d’attente pour la séance suivante est déjà bien dense. J’hésite un instant entre aller échanger avec Antoine (Sire) pendant la dédicace de son livre ou prendre place avec les « dernière mmerrily-we-go-to-hellinute » pour « Merrily we go to hell » de la fameuse Dorothy Arzner. Option 2. A la caisse je découvre que quand il n’y a plus de places assises, on peut acheter une marche ! Bon on est assis quand même mais le dossier en moins il me semble !! En haut de la salle, j’avance perplexe à la recherche de MA marche quand surgit devant mes yeux un bénévole souriant. Mon super héros me dit de le suivre car il y a peut-être une place tout devant… celle d’un photographe qui ne restera pas à la séance. Bingo ! Bon, je suis tout en bas, à l’extrême gauche de l’écran, je me demande si je ne vais pas voir le film de profil, mais j’ai un dossier et même des accoudoirs dont j’ignore complètement les noms gravés dessus ! fremaux-arznerPas le temps de les noter, Frémaux déboule… Oui, cet homme ne marche pas, il déboule. Faut dire qu’à vouloir être partout à la fois, la « déboulade » est le moyen le plus efficace. L’an dernier je l’avais vu freiner à vélo directement dans le hall d’un ciné… aujourd’hui, je dois reconnaître qu’il maîtrise la descente rapide de marches à moquette à la perfection ! A peine arrivé devant l’immense écran blanc, il empoigne un micro, sert énergiquement au public SA question pour savoir qui a déjà vu le film, ou la variante « qui ne l’a pas vu », fait une ch’tite intro slicée, jette deux–trois infos festival ponctuées de boutades bien liftées, passe le micro à un interlocuteur dans un passing shot efficace et file aussi vite qu’il est venu. Jeu-set et match !

merilly5Le pitch : Joan décide d’épouser Jerry malgré sa réputation d’alcolo pas très fidèle et sans le sou.
Plus tard dans la semaine j’aurai l’occasion de voir « Anybody’s woman » un autre film de cette pionnière dans lequel il sera aussi question d’alcool… pas que mondain ! Même si j’aurais préféré le voir de face, je trouve le film beau, léger et grave à la fois. Son actrice principale Sylvia Sidney avec son visage poupin est bouleversante… et si actuelle. La modernité, c’est d’ailleurs à mes yeux le point commun de tous les personnages féminins de ces films des années 30 ! Peut-être à l’image de Dorothée Arzner, femme réalisatrice, portant des pantalons, qui assumait son homosexualité et qui met en scène des femmes qui décident de leur vie. Une réal’ qui « a du clito » comme dirait une des héroïnes de « Divines » (Caméra d’or – Cannes 2016).

«Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre.»

Mon prochain RDV est un scénariste-dialoguiste mais aussi écrivain, journaliste, parolier… et un amour d’homme. fremaux-jloupDans le petit théâtre tout de rouge décoré de la Comédie Odéon, Frémaux (quoi ? il est déjà là ? Il doit avoir un jumeau ou un sosie c’est certain !!) annonce la masterclass de Jean-Loup Dabadie. Devant la salle pleine, c’est Guy (Bedos) qui entre en premier sous les applaudissements. Comment il pourrait en être autrement quand leurs deux noms sont liés par deux films cultes qu’on ne se lasse pas de voir, revoir, rerevoir… « Un éléphant ça trompe énormément » et « Nous irons tous au paradis ». jloupGuy fend la foule pour aller s’assoir dans les premiers rangs tandis que JLoup rejoint la scène où l’attend le journaliste qui va l’interroger. Voilà un type (un MONSIEUR!) charmant, intelligent, drôle. Il sait si bien jouer avec les mots, faire chanter la langue qu’on pourrait l’écouter pendant des heures nous décrire des souvenirs d’écriture, de tournage ou de bouffe entre copains. On a bien compris que quand il écrit l’histoire d’Etienne (Rochefort), Daniel (Brasseur), Simon (Bedos) et Bouly (Lanoux), l’amitié masculine, la maison de campagne, les enfants qui jouent à côté, les grandes tablées dans le jardin où les hommes s’engueulent et les femmes leur font des reproches, il connait ça par cœur. « On s’est trouvés ensemble comme des doigts glissés dans un gant ».

JLoup reconnait que si on peut apprendre des techniques journalistiques, « on n’apprend pas l’imagination, ni les silences. On apprend en regardant les autres ». Il encense les réalisateurs qui l’ont inspiré : Sautet, Rappeneau et bien sûr Yves Robert. Il se livre sur sa manière d’écrire. Quand il travaille un scénario, il en fait le squelette sur des feuilles Canson et ajoute des couleurs pour les lieux, les détails, des bouts de scènes… « L’imagination ne fait pas bon ménage avec la mémoire ». On l’écoute avec délice livrer des anecdotes comme celle où pour une parution dans le guide des spectacles parisiens, Le Pariscope, on lui demande le pitch d’« Un éléphant… » en une ligne : « les amitiés de 4 hommes avec des femmes qui ne sont pas forcément les leurs ». 😉

cesar-et-rosalie
Romy-Rosalie et ses 2B3 : Yves, Samy et Claude

Avec les metteurs en scène, les relations sont passionnelles, exclusives. Tout est écrit dans ses scénarios, les regards, le souffle d’une cigarette (et chez Sautet ça fume !), les moindres détails imaginés pour le jardin extraordinaire jloupde Montand dans « Le sauvage »…  Je pourrai mettre par écrit tout ce qu’il a joliment mis en mot mais ce serait tellement dommage de ne pas écouter la voix de cet homme exquis, toujours si élégant dans ses propos. Jetez-vous sur le podcast, vous saurez enfin pour qui Romy revient à la fin du film « César et Rosalie », qui l’appellera pour lui dire avec son accent de titi parisien qu’il est 4è au Top 50… ou encore qui faisait la gueule tout le temps « à tout hasard » ! Ré-ga-lez-vous !

Sauver Guyguy !

A la fin de la rencontre, en me dirigeant vers l’allée centrale de la petite salle, je me suis retrouvée face à face avec Guy Bedos que plusieurs personnes encerclaient d’un peu trop près. Je ne sais ce qui m’a pris, j’ai voulu le sortir de là ! Je lui ai tendu la main en lui disant « je pars avec vous ».

guy
@Le mauvais coton.

Mon voisin de siège avec qui j’avais échangé 3 mots me lance, « Ah ! mais vous le connaissez ? ». Je n’ai pas le temps de réagir que ce joueur de Bedos avec son regard qui plisse me répond en attrapant ma main, « Tu me vouvoies maint’nant ? ». C’est malin ça, me voilà, main dans la main avec Guy en train de remonter vers le fond de la salle sous les flashs des fans de l’acteur. A chaque fois que je tente de me libérer, Guy serre ma main. Moi qui avais juste envie de lui dire qu’il faisait partie de ma famille et que chez nous on l’appelle Guitou, j’étais piégée ! Pendant ces minutes longues comme un film d’Andy Warhol, alors que je tente d’éviter les objectifs, mon imagination part en vrille, je me vois en couv de Closer avec des titres qui font flipper… Enfin en haut de la salle, je récupère ma main, je plante mes yeux dans ceux de Guy sans être cap’ de sortir autre chose qu’un « merci Guy », sincère mais pas au niveau… et pourquoi pas un « merci pour ce moment » tant qu’on y est ! Guy, le facétieux me glisse dans son sourire rieur « de rien il faut toujours aider les vieilles dames ». Je me maaaarre ! Et voilà comment tu ressors du théâtre avec un sourire béat, sans aucune photo de cet échange à montrer à ton père alors que tu n’as cessé de penser à lui pendant tout ce « sketch » et qu’en plus… Guy ne sait même pas qu’on l’appelle Guitou !

« C’est fini le tandem, je reprends mes pédales » (Arletty)

le-jour-se-leve-affAllez, il faut se ressaisir. Gabin m’attend dans « Le jour se lève » de Marcel Carné et j’ai moyen envie de lui poser un lapin. En deux coups de cuillères à vélo, je retrouve la grande salle du Comoedia. Je vais pour la première fois voir un film que Sautet a vu 16 fois en un mois et pour cause, c’est le film du 1er flash-back. C’est beau, fort…tragique.  Le grain du noir et blanc, la musique de Maurice Jaubert, l’armoire à flashbacks, Gabin, Arletty… et les dialogues de Prévert. Si la première réplique est le fameux « tu vas la taire ta gueule », j’adore celle-ci : « vous arrivez, vous ouvrez votre tiroir et vous battez vos tapis ». Pas le temps de s’attendrir sur la fin de Gabin, j’ai RDV avec le grand Buster pour un ciné-concert à l’Auditorium de Lyon.

audito-jlmege-inst-lum
Photo JL Mege-Institut Lumière.

Un balcon sur la foule

J’avais déjà assisté à un concert dans cette salle il y a quelques années. J’étais assise près de la scène, à l’orchestre, aussi je n’avais pas le souvenir de cette immmmmense salle. Ce soir, je la découvre vue d’en haut. Nous sommes exactement au sommet, c’est-à-dire au dernier rang du second balcon… loin mais au centre ! cineconcertaudiMais loin… mais au centre ! Quand l’orchestre s’installe ce sont des fourmis qui se déplacent ; le chef entre sous les applaus telle la reine ! La musique remplit l’espace mais même si je ne boude pas mon plaisir, je trouve que le film se joue un peu trop loin, bas, petit… « La maison démontable de Malec » est une merveille et le « Sherlock Jr » qui suivra est une belle découverte. Buster, je t’aime et j’ai hâte de te retrouver, ailleurs !

Clap de fin de cette journée folle folle folle.

To be continued…

Faites tourner via...
Share on FacebookTweet about this on TwitterEmail this to someone

4 réflexions sur « Festival Lyon Lumière 2016… scène 3 »

  1. MERCIIIIIS Mille fois merci de nous faire repartir dans cette folle semaine du festival avec tant d’enthousiasme.
    Merci aussi pour tous les liens qui ponctuent la lecture et qui me permettent entre autre de me délecter des mots de Dabadie … puisque je n’ai pas pu assister à sa Master class.

    1. Merci à toi… j’adore fouiller sur la toile pour trouver LE bon lien et je suis ravie que ça plaise ! Régale toi bien avec JLoup… toutes les uatres masterclass sont dispos sur la site du Festival. A bientôt

  2. Merci pour les liens mais je trouve que tes photos sont très belles ou quand elles sont pas de toi tu les choisis super bien avec l’article… As-tu fait d’autres jours à Lyon ?

    1. Merci Estelle… oui je suis restée toute la semaine mais je manque de temps pour tout vous raconter… notamment comment j’ai passé deux jours extra avec la reine Catherine ! mais ça viendra !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *