Sandrine Kiberlain en toute simplicité

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Le naturel incarné

Regarder la filmographie de Sandrine Kiberlain, c’est faire un voyage dans les 20 dernières années du cinéma. C’est avec ces mots que Thierry Frémaux l’a accueillie sur la grande scène du Palais des festivals pour sa masterclass. Rochant, Brizé, Jacquot, Audiard, Miller, Téchiné, Resnais, Masson, Maiwenn, Le Guay, Garcia, Dupontel… autant d’auteurs qui ont fait appel à elle pour donner vie à leur personnage. Elle connait Cannes pour y avoir accompagné Les Patriotes (1994), Un héros très discret (1996) et Polisse (2011) en compétition, ainsi qu’À vendre (1998) à Un Certain Regard.

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Montée des marches pour « Polisse » de Maiwenn, 2011.

Et puis elle a été jurée de la Palme en 2001. Pour cette 70e édition du Festival de Cannes, elle sera présidente du jury de la Caméra d’Or qui récompense un premier film.

Sandrine Kiberlain semble avancer dans le cinéma au feeling, guidée par les rencontres. C’est avec cette première impression que j’ai pu la questionner au lycée Carnot après sa leçon de cinéma aux étudiants.

Plan de carrière

Masterclass au lycée Carnot menée par B. Vermot-Gauchy.

« Effectivement, je ne planifie rien du tout et c’est un miracle quand Resnais ou Téchiné m’appellent ! Mais ça l’est aussi quand un jeune cinéaste, qui n’a pas fait de film me propose de lire son scénario en espérant que je fasse son film. Parfois j’ai un coup de cœur, comme pour celui de Jeanne Herry (« Elle l’adore »). Je lui présente un producteur et les choses se font. Tout ça se fait sans calculs mais j’ai l’impression que tous les metteurs en scène qui sont venus à moi j’aurai pu aller les chercher. C’est comme un mystère qui fait qu’on rencontre ceux qu’on a envie de rencontrer secrètement, qui nous ressemblent… on se reconnait ! »

Amitié d’actrices

« J’ai quelques amies actrices et il nous arrive de penser à l’une ou l’autre pour certains rôles. Emmanuelle Devos a parlé de moi pour le rôle dans « Simone de Beauvoir » de Martin Provost et c’est moi qui lui ai parlé de la pièce d’Edouard Baer qui correspondait à une expérience qu’elle recherchait. On a des trucs d’amitié ou d’envie de jouer ensemble. Quand je refuse un rôle, il va à qui doit le jouer, je n’envie aucune actrice. Parfois je me dis que j’aurai aimé jouer dans « La femme d’à côté » mais le rôle ne pouvait être joué que par Fanny Ardant. Le film est ce qu’il est parce que c’est elle. Chaque rôle est joué par celui ou celle qui doit le jouer, après, ça nous échappe. Je ne comprends pas les envies entre actrices. Comme dit Lindon « on n’a plus envie d’avoir le bac quand on l’a », quand tout va bien on se fiche de ce que font les autres actrices. C’est sûr que si je ne jouais pas ça me ferait quelque chose de voir Virginie Efira ou Juliette Binoche tourner. Je les aime. »

Tout est subjectif…

« Ce qui m’ennuie plus, c’est quand je trouve une actrice bof et qu’on en fait tout un flan ! Ça m’énerve car j’aime trop ce métier… mais l’art est subjectif et on ne peut pas tous être d’accord. C’est ce que j’ai appris en étant juré en 2001. Des films vous apparaissent évidemment sublimes, comme « La chambre du fils », et déplaisent à d’autres ! Il y a un avant-après avoir été juré, c’est certain.

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Dans le jury de Liv Ullmann en 2001 avec Chralotte Gainsbourg et Julia Ormod (+ Terry Gillian, Mathieu Kassovitz, Philippe Labro…).

Quand vous êtes juré, vous voyez toutes les coulisses sur lesquelles vous fantasmiez ! On désacralise Cannes et après on ne vient plus avec la même tension. On sait que l’accueil du film sera lié à ces gens-là, à ce moment précis… ça reste très impressionnant quand même ! Quand on est dans le jury on connait l’importance de juger un film car faire un film pour un metteur en scène représente deux ans de vie. Son destin peut changer en recevant un prix, même simplement en étant sélectionné à Cannes. »

Expériences cannoises

« Il y a mille façons de vivre Cannes ! Je suis ravie d’avoir pu monter les marches pour présenter un film ou pour voir des films… mais il y un côté James Bond à être dans le jury ! On roule dans des voitures officielles avec des vitres teintées, on ne sait pas où on va, dans quelle villa, on doit laisser nos téléphones, personne ne doit savoir où on va… c’est lié au mystère du cinéma ! »

L’an passé vous êtes venue présenter votre court-métrage « Bonne figure » avec Chiara Mastroianni… il y avait moins de « mystères » j’ai cru comprendre !
« C’était marrant de se retrouver en toute humilité dans la peau de celle qui fait un premier court métrage. On était habitué à l’accueil cannois et on a eu un petit choc mais c’était ce qu’il fallait vivre à ce moment-là et on a aimé ça ! Les aventures diffèrent en fonction de ce que vous avez à faire à Cannes. »

@sandrinekiberlain

Instagram

« Ma fille m’a dit que c’était cool ! Je ne suis sur aucun réseau social mais IG m’intéresse car c’est artistique. J’y mets des photos qui me plaisent, des moments que j’ai envie de partager avec les autres. Ma fille me dit que ça démystifie mon métier mais j’y reste quand même par esprit de contradiction avec elle ! C’est même devenu un plaisir : je prends une photo et je la partage sans trop réfléchir, sinon je peux trouver ça pathétique… donc je ne réfléchis pas trop ! Pour l’instant ça me plait plus que ça ne m’ennuie et puis j’y ai retrouvé des gens. En plus, c’est assez bienveillant … évidemment si vous postez une photo de vous en maillot vous savez ce que vous faites… moi je reste soft ! »

Avant de repartir, elle a accepté de poser avec Mister T, le ticket de cinéma qui a un compte IG… à voir ici !

Bon festival madame la Présidente !

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