Le mystère Huppert
Pour cette 16e édition, c’est Isabelle Huppert qui recevra le Prix Lumière, succédant à Wim Wenders. Ce prix a pour vocation de «célébrer une personnalité pour l’ensemble de son œuvre et le lien qu’elle entretient avec l’histoire du cinéma ». Sacrer Huppert c’est couronner une carrière de 5 décennies qui débute en 1972 dans César et Rosalie de Claude Sautet et qui croise la route des plus grands réalisateurs français (Chabrol, Tavernier, Pialat, Godard, Téchiné,…) et étrangers (Haneke, Verhoeven, Cimino, Hong Sang Soo, Mendoza ou encore Hal Hartley).

Actrice essentielle du cinéma international
artiste boulimique de travail (quand elle n’est pas sur un plateau de ciné elle est sur les planches d’un théâtre), elle a interprété toutes les femmes et a eu mille visages. Et pourtant, on la connait si peu. Le soleil m’accompagne jusqu’au Théâtre des Célestins où l’actrice nous donne RDV pour une « conversation ». La foule s’engouffre dans les escaliers en pierre pour prendre place sur les 3 niveaux de balcon de ce bel écrin rouge et or. C’est beau une salle complète et c’est très émouvant quand à l’annonce de l’arrivée de Miss Huppert les applaudissements s’intensifient. (cf stories IG !)


Jouer : un dialogue avec moi-même à travers les autres
Sur scène, une table, deux chaises et deux micros. Thierry Frémaux lance la discussion et on espère décoller un peu le vernis pour découvrir qui se cache derrière Huppert. Sans minauder, elle répond à tout, simplement, parfois froidement. Elle a l’air de nous dire qu’elle est actrice mais que c’est son job et qu’elle essaie de le faire du mieux possible… « Je ne me suis jamais considérée comme une artiste (…), ou alors je suis une artiste comme tout le monde l’est, puisque nous sommes tous un peu artistes. » On n’en saura guère plus que l’important pour elle en tournage, c’est qu’il y ait un escalier pour qu’elle accède à sa chambre sans prendre l’ascenseur ! «Sinon, ça ne va pas ! » Faire son travail, c’est aussi ce qu’elle dira dans son beau discours lors de la remise du Prix. « J’aime beaucoup recevoir des prix. En recevant un prix, j’entends ce qu’on me dit : “Isabelle, tu as bien fait ton travail.” C’est important le travail. Mais est-ce vraiment un travail ? Ça, c’est une autre histoire. » A écouter en intégralité ici.


Jingle de folie
A l’issue de cet échange, le mystère Huppert reste entier et comme le souligne Frémaux « plus elle parle et moins on en sait. » Peut-être que ceux qui l’ont vu arriver dans la salle 3000 pour la remise du Prix Lumière en dansant dans une robe pailletée sur « Nuit de folie » de Début de soirée auront percer un peu de l’énigme. C’est sa chanson préférée et pour lui rendre hommage le festival a fait un jingle, vous savez, ce fameux jingle qui est projeté avant chaque séance… autant vous dire que détestant cette chanson, j’ai souffert. C’est dommage car je tremble encore à l’écoute des jingles de Scorcese, Almodovar, Wenders, Deneuve… des années précédentes. Heureusement, Giuseppe Tornatore étant aussi à l’honneur, un autre jingle avec la musique d’Ennio Morricone pour Cinema Paradiso a été projeté quelque fois et j’ai eu « les poils » comme on dit !!
« Ce rythme qui t’entraîne jusqu’au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d’un vent de folie »…