Pour cette 16e édition, c’est Isabelle Huppert qui recevra le Prix Lumière, succédant à Wim Wenders. Ce prix a pour vocation de «célébrer une personnalité pour l’ensemble de son œuvre et le lien qu’elle entretient avec l’histoire du cinéma ». Sacrer Huppert c’est couronner une carrière de 5 décennies qui débute en 1972 dans César et Rosalie de Claude Sautet et qui croise la route des plus grands réalisateurs français (Chabrol, Tavernier, Pialat, Godard, Téchiné,…) et étrangers (Haneke, Verhoeven, Cimino, Hong Sang Soo, Mendoza ou encore Hal Hartley).
Moi j’ai un RDV que je ne voudrais rater sous aucun prétexte, celui que donne Lyon à tous les amoureux du cinéma depuis 15 ans dans la ville qui l’a vu naître ! Il y a huit ans, je découvrais ce festival unique en son genre, un festival de films de patrimoine… entendez par là un festival qui met les films à l’honneur, de tous pays, de toutes époques, de tous formats et de tous pays. Un festival où les films ne sont pas en compétition et où un seul prix sera remis, sans suspense, puisque la personnalité qui le recevra est annoncée bien avant le programme !
J’adore me raconter des petites histoires… Aussi j’imaginais que pendant tout son mandat de Président, Pierre Lescure n’avait pas osé demander que Catherine Deneuve soit sur l’affiche d’une de ses éditions présidées. Du coup, ma Queen se dévoile en noir et blanc sur l’affiche du premier festival post Lescure. Je ne sais pas s’il y est pour quelque chose, j’me fais des films, mais j’ai envie de crier « Merci Pierre », pour ça et pour tout le reste !
La 76e édition aura les traits de Catherine, immortalisée sur la plage de Pampelonne, près de Saint-Tropez. C’était en juin 1968, lors du tournage de La Chamade d’Alain Cavalier, adapté du roman de Françoise Sagan dans lequel elle est sublime (of course!). J’ai eu la chance de revoir ce film au Festival Lumière avec Hippolyte Girardot (à lire ici). Elle est venue présenter des films tellement souvent que lister ses apparitions cannoises prendrait des heures. Elle a co-présidé avec Clint Eastwood (1994), a reçu une Palme d’honneur (2005) et le prix du 61e festival (2008), est à l’affiche de 2 palmes d’or (Les parapluies de Cherbourg et Dancer in the dark). Bref, la Deneuve sourira aux cinéphiles du monde entier qui envahiront les salles de cinéma du plus célèbre « village mondial » pour une dizaine de jours.
Mister président
Ruben Östlund a été annoncé très tôt et personne n’a été surpris puisqu’il fait partie du club des « double-palmés » (2017 The square) et que c’est le réalisateur de la Palme d’or de l’an passé qui a globalement emballé critique et public avec « Sans filtre« . On a du le choisir comme président pour être certain qu’il ne présente pas de film cette année au risque qu’il inaugure le Club des Triplés ! 😉
Le réalisateur suédois sera secondé dans sa mission par un jury aux fortes personnalités dont une autre palmée (et rentrée illico dans l’Histoire en étant la 2e femme à l’obtenir), Julia Ducourneau (Titane) et un de nos acteurs les plus exigeants, Denis Ménochet. Inoubliable dans tous ses rôles : d’Inglorious Basterdsde Quentin Tarantino (la scène interminable d’ouverture), aux films de François Ozon (Grâce à Dieu, Peter Von Kant), en passant par le terrifiant Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (2016), et le récent As Bestas de Rodrigo Sorogoyen, présenté à Cannes l’an passé pour lequel il reçu le Goya du meilleur acteur !
Feront aussi partie du jury…
la réalisatrice anglo-zambienne, Rungano Nyoni (I’m not a witch), Brie Larson, actrice américaine (Room, Captain Marvel), l’acteur américain Paul Dano qui a grandi devant les caméras (de Little Miss Sunshine à The Fabelmans en passant entre autre par There Will Be Blood,Twelve Years a Slave, Youth, Okja… ). Viennent compléter cette super team qui aura la lourde tâche d’établir un palmarès : l’écrivain réalisateur afghan Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008 pour Syngué sabour pierre de patience qu’il a adapté au cinéma). And the last but not least : Damian Szifron dont j’ai honte d’avoir oublié le nom. C’est lui qui a réalisé le jubilatoire Les nouveaux sauvages et de savoir ça j’ai envie de courir voir son dernier film Misanthrope à l’affiche en ce moment,un polar original où il s’est associé avec Shailene Woodley qui joue le rôle principal. Ce jury a déjà sur le papier une allure qui me plait beaucoup !
Une MC que je kiffe
Dans la famille Deneuve, je demande la fille ! ça promet de l’émotion en pagaille lors des deux cérémonies qu’elle va présenter, je l’espère avec sa touche de décalage. On a vu le visage de Chiara Mastroainni pour la première fois à Cannes dans le film de Téchiné (Ma saison préférée, 1993) où elle donnait la réplique à son illustre reum. Actrice discrète et fantasque elle poursuit sa jolie carrière jusqu’à son prix d’interprétation dans Chambre 212, film de Christophe Honoré que j’aime d’amour (le film et Honoré!) De mémoire, elle n’a jamais été MC de quoi que ce soit, j’adore ce choix !
Film d’ouverture et de clôture
Il fait déjà le buzz, parce que Johnny Depp (plus vu ces temps ci pour son procès avec son ex femme que pour ses films) et parce que le film est financé par le Quatar… n’en jetez plus ! Le 6e film de Maiwenn, Jeanne du Barry, ouvrira le festival et ça promet une belle montée des marches avec Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pierre Richard, Pascal Greggory et India Hair. Le film, dédié à la vie, à l’ascension et à la chute de la favorite du roi Louis XV, sortira dans les salles françaises simultanément. Et vous pourrez le voir dans beaucoup de cinémas qui proposent le soir de l’ouverture de voir en direct la cérémonie avant le film. Je vous le conseille c’est beaucoup plus sympa de voir tout ça sur grand écran, bien installé dans un bon fauteuil. On le sait depuis le Covid qu’il n’y a pas meilleur que les émotions de groupe. Je le savais depuis longtemps mais d’avoir été en manque pendant des mois a ajouté… (jecherche le bon mot)… de l’excitation ! Ne boudez pas ce plaisir !
En clôture, j’étais ravie qu’on prenne l’habitude de voir le film tout fraichement auréolé de la Palme d’or, mais les enjeux financiers dus à l’exposition médiatique ont du donner raison aux défenseurs du « film de clôture ». Ce sera donc Élémentaire, le quatrième long métrage des studios d’Animation Pixar à être présentéen Sélection officielle, après Là-haut, Vice-Versa et Soul. Et puis comme ça on pourra même inviter des enfants au Palais le dernier soir !
Les lieux de fête et d’after des équipes de film ou d’happening de sponsors seront parsemés sur la Croisette. Pour beaucoup, on fêtera le retour des fêtes sans masque et quelques anniversaires !
Le festival de Cannes existe depuis 1939, il a traversé les décennies avec la guerre, les manifs soixante huitardes, les menaces d’attentats… on pourra y ajouter la pandémie !
Ce qu’il faut savoir avant de se pointer à cette 74e édition qui sent bon la nouveauté
Un président à l’affiche
Après plusieurs années très colorées, le noir et blanc est de retour avec cette belle affiche qui met la ville d’accueil du festival à l’honneur avec les palmiers et les mouettes. La tête à casquette du président Spike Lee apparaît (c’est une photo d’une pub Nike). Il devait présider l’édition 2020 et c’est tout à son honneur d’assurer en 2021. Ce n’est pas un cinéaste conventionnel, plutôt du genre militant, aussi son regard est déjà une belle promesse sur le palmarès. Son dernier passage à Cannes date de 2018 où il avait fait son grand retour avec « BlacKkKlansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan » pour lequel il avait reçu le Grand prix du jury présidé alors par Cate Blanchett.