Festival de Cannes 2021

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Année zéro

Alors que faut-il retenir de ce festival (à part la billetterie dont vous vous fichez !!) 😉 ?

Si vous avez manqué le début… c’est par là.

So may we start…

Dans la situation actuelle pleine d’incertitude, le fait que le Festival ait lieu était déjà une chance inouïe. C’était aussi pour beaucoup le retour tant espéré dans les salles de cinéma. L’émotion de fouler la moquette d’une salle obscure et de tous regarder dans la direction de l’écran blanc était palpable. Se dire que même si certain avait douté de la survie des salles de cinéma après de longs mois de fermeture, le plaisir d’être ensemble à sentir le plaisir envahir l’espace était là. Et ça, c’était méga bon !

We love each other so much

Ce ton heureux et ému était présent durant la cérémonie d’ouverture… tout le monde voulait être là et j’imagine que Frémaux et son équipe n’ont pas eu à batailler pour motiver Bong Joon-ho (le dernier lauréat de la palme d’or en date) et même Pedro Almodovar (pourtant toujours non palmé !) d’être de la partie juste pour honorer le cinéma. Ouvrir les festivités avec le nouveau film de Leos Carax était un excellent sas pour entrer dans les festivités. D’abord parce qu’avec Annette et sa mise en scène époustouflante on EST dans le cinéma (des plans sont d’une beauté fracassante et on a envie de revoir le film pour les savourer à nouveau… 2h20 quand même… son seul défaut !). Il s’agit d’un film musical dont la partition est signée des Sparks. Certaines mélodies m’ont accompagnée durant tout le Festival et bien au-delà ! Ce qui l’ont vu (et écouté) savent ! Et puis il y a Adam Driver, acteur magique et envoutant par son jeu, étonnant par son physique atypique et séduisant par sa voix… omg sa voix ! 😉 Je me calme mais je pense tout pareil que Laetitia Masson dans cette déclaration d’amour (pourtant rédigée avant « Annette ») diffusée sur Arte.

12 jours plus tard, 28 films plus loin

Que reste-t-il de ces 12 jours de rêve au cinéma ? Une sélection avec un nombre de films jamais atteint, à la hauteur de l’attente. Des immersions dans des cultures étrangères, des témoignages sur l’état actuel du monde mais surtout beaucoup d’amour, de relations humaines et d’enfants souvent pas très « humains » (Annette, Lamb, Titane…). On a beaucoup parlé de la crise des salles de cinéma. C’est ce qu’ont tenté de nous dire certains accros aux plateformes numériques. Il suffit de voir un film en salle pour se remémorer qu’un film réalisé pour le grand écran y est forcément meilleur en salle, que le grand écran magnifie les émotions.

Parler de crise de la salle alors qu’il n’y a jamais eu autant de belles salles à Cannes grâce notamment au Cinéum. Le multiplexe cannois qui ouvrira officiellement le 3 août, a mis 3 salles à la disposition du Festival. Une navette gratuite permettait aux festivaliers d’aller et venir entre le Palais et le Cinéum afin de profiter des meilleures conditions de projection de la ville. J’y suis allée, of course ! Le lieu est impressionnant architecturalement mais dès qu’on y pénètre c’est la sobriété qui domine : des matériaux bruts, des tons foncés, du bois et la lumière extérieure qui s’infiltre via la terrasse sur laquelle on peut s’installer. La salle Aurore est belle, spacieuse, les fauteuils glissent pour trouver l’inclinaison parfaite. J’y ai vu The innocents, film de genre « flippant » et j’ai cru à certain moment que mon fauteuil bougeait. Grrr !

Côté belle salle, les longs mois de fermeture ont permis à la salle Miramar de se refaire une beauté pour la Semaine de la critique. Elle en avait besoin. Merci le confinement !

Il y a quelques années des infos circulaient sur la construction en dur de la salle du soixantième, la salle éphémère montée pour chaque festival sur le toit du palais. Ça c’était avant le Cinéum. Que va-t-il se passer pour cette salle en bois dans laquelle on entend la ronde des hélicos  pendant les séances ? A part dans la scène d’ouverture d’Apocalypse now à laquelle cela pourrait donner une dimension supplémentaire, j’avoue que c’est assez pénible. Par temps de vent, à chaque rafale, les grilles d’aération cinglent comme des haubans d’un voilier. Allez, à peine on pense à reprendre une vie normale et déjà je me remets à râler !! Pardon et vive le cinéma !

Festival de cannes 2021

Mon tour du monde en 12 jours

Voir des films, lire des sous-titres pendant des heures, découvrir la musique de langues qu’on ne parle pas…. Le russe, l’italien, l’arabe, l’hébreu, le norvégien, coréen, portugais, islandais, mandarin, turque, anglais, japonais… ce 74e Festival de Cannes m’a permis de faire un fucking beau voyage à travers le monde sans quitter le fauteuil confortable de mon village mondial ! Magie du cinéma !

L’Estival de Cannes

Si vous m’avez suivie (ici) vous savez que j’appréhendais de « faire » le festival en été pour des raisons de températures excessives et surpeuplades estivales. Je dois reconnaître que j’ai flippé pour rien, comme souvent ! La météo a été chaude mais pas trop, venteuse mais pas trop, humide mais pas trop… et puis le fait qu’on fasse moins longtemps la queue nous a évité de fondre comme un Pistoleros (glace sudiste super bonne pour ceux qui ne connaissent pas) avant les séances ! Moi qui suis adepte du festiVélo, j’ai testé pour cette année exceptionnelle le FestiPlouf, ou comment prendre un bain de mer entre 2 séances et ça c’est carrément le kif ! 😉

Et puis il y a Julia…

Cela fait des années qu’on nous bassine avec le cinéma et les femmes, qu’on balance le mot « parité » à tout bout de champ. Je suis une femme et depuis plusieurs années, je me régale de voir des films réalisés par des femmes, des femmes du monde entier. Elles ne s’opposent pas aux films d’hommes mais elles apportent un regard nouveau, une sensibilité autre qui ne peut qu’enrichir notre vision et ouvrir le champ des possibles. Il y a 2 ans, le « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma, d’une grande beauté esthétique, accomplissait l’exploit d’être un film « en costumes » qui parle si bien de notre époque actuelle. Il aurait fait une palme d’or magnifique tout en honorant une femme, des décennies après Jane Campion, unique femme palmée de l’histoire du Festival ! Mais c’était l’année « Parasite » ! Le film de Sciamma avait aussi beaucoup de points communs avec « Le leçon de piano ».

Cette année, remettre la récompense suprême à « Titane » était aussi une façon de mettre un coup de fouet dans le palmarès. Récompenser une femme certes, mais une femme qui fait un cinéma de genre. Mettre en lumière un film « pas parfait » comme l’a dit sa réalisatrice, Julia Ducourneau,  lors de la remise du prix mais un film qui brouille les pistes , qui mélange les styles, qui interroge sur le genre, qui titille, qui bouleverse, qui met mal à l’aise, qui chahute les biens pensants. Un film de cinéma. Certains n’y verront que la violence, peut-être parce que c’est ce qui a été mis en avant dans les médias (il faut bien un film scandaleux par festival !). Cette violence est certes présente mais n’est pas plus insoutenable que dans bien d’autres films. Serait-elle insoutenable car c’est une femme qui l’a mise en scène ? Je pose ça là !

Et puis il y a Julie…

affiche Julie en 12 chapitres

Pour clore cette opposition homme-femme qui m’agace, je vous conseille de guetter la sortie de « Julie en 12 chapitres » du norvégien Joachim Trier qui a valu à son interprète, Renate Reinsve, le prix d’interprétation féminine. Je ne suis pas prête d’oublier ce matin-là où j’ai monté les marches pour le découvrir sans savoir ce que j’allais voir. J’ai totalement oublié que j’étais dans une salle de cinéma, avec d’autres personnes autour de moi. J’ai suivi la vie de cette Julie qui  a un mal fou à prendre des décisions. Cette héroïne ressemble à beaucoup de monde. Son histoire est simple, banale, une histoire d’amour et de sentiments humains, sans esprit tordu, sans traitrise, sans violence apparente. Un film qui parle de la vie, tout simplement, a parlé à la femme que je suis aujourd’hui. J’ai quitté la salle, chargée d’une  bonne dose d’allégresse qui ne m’a pas quittée de la journée en sachant que c’était écrit et réalisé par des hommes. La parenthèse « homme-femme » s’est refermée en douceur. Merci mister Trier et RDV le 13 octobre pour tomber sous le charme de mademoiselle Julie !

Renate
Renate Reinsve entourée de Anders Danielsen Lie, Joachim Trier et Herbert Nordrum.

Ce festival 2021 aura été festif, innovant et historique. Je savoure pleinement la chance d’y avoir assisté contrairement à beaucoup d’autres, bloqués chez eux pour des raisons dites sanitaires.
See U next year !


Mes 28 dans le désordre : Annette/Le genou d’Ahed/Un monde/The innocents/Julie en douze chapitres/Benedetta/Lamb/Ali et Ava/Entre les vagues/La fracture/Compartiment N°6/La femme du fossoyeur/Picolo corpo/Drive my car/Bergman island/Titane/Haut et fort/OSS117/The Velvet Underground/Jane by Charlotte/ Tralala/Les héroïques/La croisade/Un histoire d’amour et de désir/Les amours d’Anaïs/Marx puo aspetarre/Rien à foutre/

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