Festival Lumière 2020

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Previously in Lyon

Des films, des films, des films

Des rumeurs de couvre-feu tentent de perturber mon enthousiasme. Comme souvent en festival, je me coupe du reste du monde, je n’écoute pas l’actualité. Quand elle finit par atteindre mes oreilles, c’est que c’est grave ! Entre l’évolution du nombre de cas covid en France et les guéguerres sur les réseaux sociaux des 2 candidats à la présidence des US… pas de quoi me perturber.

A vos masques !

Au menu de ce jour, deux classiques : « Laura » d’Otto Preminger et « Le cave se rebiffe » de Gilles Grangier programmé dans le cadre du centenaire Audiard. Les 2 projetés au Comoedia, 2 films au format 1.33, en noir et blanc, c’est parfait.
C’est Régis Wargnier qui nous présente le premier le matin. La salle est pleine (en langage Covid c’est avec des sièges de distanciation !). « On est beaucoup informé avant de voir un film et c’est bien de découvrir un film dont on ne sait rien. » Je partage tellement cet avis. Au lieu de disserter sur ce pur produit du Hollywood des années 40 avec ses plans qui durent, son noir et blanc sublime, le réalisateur d’Indochine préfèrera nous en dire plus sur son actrice principale au destin tragique (la naissance de sa fille handicapée affectera la suite de sa carrière). Gene Tierney est Laura, sublime dans ce polar et le thème musical semble avoir été écrit pour elle, si évocateur du glamour. Mais si, vous le connaissez, jetez une oreille ici !

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De musique, il en sera également question dans « Le cave » puisque c’est Michel Legrand qui signe la partition. Vous qui me suivez savez que Michel (oui oui !) fait partie de la BO de ma vie ! La copie restaurée est parfaite. Les comédiens (Blier, Gabin, Biraud) prennent un plaisir évident à dérouler les dialogues ciselés par le maitre de l’argot, Michel Audiard. C’est le genre de séance plaisir : celui d’entendre les rires du public. Et en cette période de privation, c’est fou comme ça fait du bien !

« Les biftons, ça se divise
la réclusion, ça s’additionne »
« L’éducation, ça s’apprend pas »
« L’honnêteté, ça se paye »

Régal des mots

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J’en profite pour noter quelques répliques que j’ai parfois du mal à relire (pas fastoche de gribouiller dans le noir !). J’avais noté « C’est rien qu’un demi sel » mais la toile est venue à ma rescousse pour retrouver la globalité : « Autant vous dire que pour moi Monsieur Éric avec ses costards tissés en Écosse à Roubaix, ses boutons de manchettes en simili et ses pompes à l’italienne fabriquées à Grenoble, et ben c’est rien qu’un demi-sel. Et là, je parle juste question présentation. Parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j’ajouterais que c’est le roi des cons. Et encore les rois, ils arrivent à l’heure. »
Bref, un régal !

Des trésors

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Entre ces deux séances, ma nouvelle amie, la file des last minute, me fait entrer dans la salle pour un film dont je ne sais rien, comme me l’a suggéré Régis. Nous ne sommes que 34 dans la salle et celui qui prend le micro avoue dans un sourire complice : « j’aime ces séances spéciales, on y croise les plus radicaux des festivaliers ». J’en suis donc « à l’insue de mon plein gré » ! « Eblouissant Biograph » de Franck Roumen aurait dû être projeté en avant-première mondiale à Cannes Classics… et donc nous serons ses 34 premiers spectateurs. 50 films d’une minute, en noir et blanc ou colorés au pochoir, tournés avec un appareil de prise de vue (invention de l’Anglais William Dickson, contemporain des Lumière) avec une pellicule de 68mm, format 4 fois plus grand que le 35, ce qui lui permet d’avoir une qualité de détails exceptionnelle.

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Le film nous fait voyager à travers l’Europe entre moments historiques et scènes de la vie quotidienne entre 1897 et 1902. Les images ont plus de 120 ans et c’est un choc visuel de les découvrir si nettes grâce au scanner en 8K. Les plans sont beaux, les travellings sont fous et les détails hallucinants. Le prologue nous explique la génèse de ce film exceptionnel et nous souhaite un « Enjoy the ride » traduit par « Bon amusement ». C’est mon climax du jour ! Avec un peu de chance vous pourrez le voir ici, chez Henri !

J’n’ai pas envie de quitter le cinéma…

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A 18h, il y a une avant-première de la sélection Cannes 2020. Dans mon planning idéal de projections, je n’avais pas privilégié ces avant-premières. Je ne cours jamais après les films que je pourrai voir à leur sortie (tous les films français par exemple). Ce soir il s’agit du nouveau long métrage de Sharunas Bartas (prononcez bien les S !) « Au crépuscule ». Je sais très bien qu’il ne sera pas visible aussi facilement que d’autres comme ADN ou Drunk à sa sortie en France. Et puis j’avais une revanche à prendre, sur une projection ratée à la Quinzaine 2017, où j’étais arrivée essoufflée pour la projo du matin de Frost, son film précédent et on n’avait pas voulu me laisser entrer. Cette fois, je suis là, poseyyy, j’ai pu avoir une place sans souci. Sharunas arrive, tout de noir vêtu, les traits tirés et le cheveu libre.

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Son Crépuscule nous entraine chez lui, en Lituanie, à la fin de la seconde guerre mondiale, où dans une grande misère, les partisans tentent de contrer l’occupation soviétique. On vit cette douloureuse période au travers le regard de son jeune héros qui va découvrir la violence et la traitrise. Les images sont belles, les paysages bruts, le temps passe lentement et terriblement. 2h07, les pieds dans la boue, à ressentir l’humidité, la peur, l’incompréhension, la faim… Il va me falloir une bonne dose de pédalage pour me décharger de tout ça. Je chevauche un VéloV avec l’envie de rentrer au feeling vers ma station d’accueil et tant pis si je me perds !

Une héroïne de film noir, une pépite de films muets, une rasade de répliques savoureuses et une revanche sur Sharunas… On croise les doigts pour que ça continue.

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La suite ici.

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