Faites tourner via...

1 semaine 2 tournages

Faire un film… comme un jeu, comme un défi, pour construire, créer avec les moyens qu’on a. La même semaine, j’ai vécu deux expériences de tournage à Cannes avec deux équipes de passionnés. Récit.

Lors du week-end des 48h Film project, je me suis pointée sur le tournage de l’équipe Dans ta prod. Au coeur du Suquet, ça tourne à l’intérieur d’un restaurant fermé au public. A l’extérieur, des techniciens bricolent des éléments de déco ou bidouillent une matière chelou avec du colorant rouge pour un rendu gore. « Coupez ». Le rideau de fer se relève dans un bruit de ferraille et les acteurs sortent avec des traces de sang sur le visage. Je ne connais pas le pitch je sais juste que comme les autres équipes qui participent à ce challenge ils ont 48h pour écrire, tourner, monter un court de moins de 7 mn. Pour corser la chose on leur a donné quelques contraintes : 1 personnage, un accessoire et 1 ligne de dialogue. Au lancement du chrono, chaque équipe a tiré au sort son genre. L’équipe est en pleine course contre la montre.

La caméra est toujours dans le restaurant et la scène à mettre en boite est celle du début du film. Le héros arrive à l’entrée alors qu’une foule apeurée court et crie. Tout le monde est réquisitionné pour faire illusion du nombre. Le temps de se caler et hop. Au signal on court, on crie tels de bons petits soldats. Trois prises et on s’y croirait ! Petits et grands, on n’aurait bien refait la même scène toute la night parce que c’est rigolo de faire un film quand on est un figurant qui court ! Le temps passe et je lis sur les visages qu’il y a encore du pain sur la planche. Oui je sais lire ce genre de trucs ! J’abandonne l’équipe, dans la belle lumière orangée du coucher de soleil. Elle va tourner une bonne partie de la nuit. Courage les gars et RDV à la soirée du palmarès (ici).

Quelques jours plus tard. Autre lieu, autre ambiance. Une prod française cherchait des figurants pour le tournage du pilote d’une série internationale durant toute une soirée. J’étais libre, j’y suis allée. Un dress code était souhaité car la scène se tourne au Carlton. On est une petite poignée de français et d’anglo-saxons à avoir répondu présents. Les membres de l’équipe arrivent au compte goutte, sortant de leur pause diner. La salle de réception, vide, se transforme doucement en lieu festif avec bar et coupes de champ. Le chef op’ crée sa lumière, fait installer des projos ici, puis déplacer là-bas puis finalement dehors. Plus le temps passe plus il y a de monde sur le plateau. L’équipe image s’étoffe et forme une garde rapprochée autour du caméraman. ça discute technique, tout le monde est concentré. La styliste est venue checker nos tenues, les maquilleuses nous ont repoudré le nez. Le jeune réalisateur nous a briefé en deux langues sur son projet et détaille la scène à tourner. La tête dans son film, il n’a pas l’air de respirer au même rythme que ses 3 assistantes. Bien ancrées dans le concret, elles vont droit au but. 3 petits bouts de femme qui synthétisent ce qu’il dit et le cadre pour avancer sur le planning.

Grâce à leurs yeux qui balayent tous les recoins elles interviennent pour gérer l’installation du plan souhaité en faisant attention à tout : décor, reflets dans les (nombreux) miroirs de la pièce, placement des figurants… rien ne leur échappe. Les deux comédiens ont été équipés de micro : elle, perchée sur ses talons, s’amuse avec les techniciens alors que lui, fait les cent pas en répétant son texte. ça fait déjà plus de deux heures que tout le monde s’affaire et pas un plan n’a été tourné. Il y a une machine à fumée à gérer, un bourdonnement  électrique inquiète l’ingé son sans qu’il ne trouve la source. On sent une petite tension dans l’air.

Toute l’équipe est reliée par une oreillette. On ne perçoit que des chuchotements dans les micros et les bruits de pas sont absorbés par l’épaisse moquette du palace. Cette team ressemble à une fourmilière en action que rien ne semble perturber pas même les rires de la comédienne. Entre figurants on se jette des regards, sourires ou grimaces, faut bien passer le temps. Ah, enfin ! Répétition technique et on y va… ça tourne ! On fait, refait, et re-refait la scène. Les comédiens sont au top et balancent leurs longues tirades in english sans accros à chaque prise. Les figurants avaient pour consigne d’être « vivants ». Heureusement que c’était du Canada Dry qu’on buvait et pas du vrai Champ’ sinon en plus d’être vivante j’aurais été… super drôle !! 😉 Comme Cendrillon, à minuit je quitte le Carlton, en veillant bien à ne pas paumer mes shoes !

Clap de fin !

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