Festival Lumière 2020

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Previously in Lyon

La parenthèse enchantée

Vendredi
Je retrouve ma sœur et hors de question de lui imposer un film des frères Dardenne. On file au Comoedia de bon matin pour le film de deux autres frères que j’adore et qui ne font pas assez de films à mes yeux !

« Peindre ou faire l’amour » de Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Sabine Azéma n’ayant pu faire le déplacement vers Lyon c’est à nouveau Régis (Wargnier, vous suivez ?) qui vient nous présenter la séance. Pour l’écouter nous parler d’une actrice avec qui il n’a jamais tourné filez … Ces échanges sont les véritables privilèges de ce festival !

Larrieu
Festival de Cannes 2004

Persistance rétinienne

La projection commence, scintillante, parfois floue…signes que nous ne sommes pas en numérique ! Youhou, il est donc encore possible de vivre une projection argentique, « à l’ancienne ». C’est certainement parce que le film n’existe pas en version DCP, le format numérique de projection. Je me demande toujours ce qu’en pensent ceux qui ont toujours vécu les projections numériques, habitués à une image plate, nette, belle, sans accros. Ils doivent la trouver « sale », aux contours flous… j’avoue que les blancs m’ont un peu agressé la rétine au début et puis comme par magie, mes yeux se sont adaptés et ont pu apprécier le grain  « cinéma ». Merci pour ça aussi !!

Dans cette comédie qui titille le désir, Sabine Azéma est exquise, Daniel Auteuil complice et Sergi Lopez ambigu. On y croise aussi Florence Loiret Caille toute jeune, presque naïve face à ses coquinous de parents. Je la verrai bien aujourd’hui dans un film des frères Larrieu. J’envoie une bouteille à la mer, je suis sûre que les 2 réalisateurs lisent mon blog. #mytho 😉

Bernie Dupontel

Pause gourmande

dans un petit resto très agréable, à la cuisine créative à deux pas du Comoedia (Les Raffineuses, 41 rue Professeur Grignard, Lyon 7). Nous avons noté nos coordonnées des fois que nous devenions « cas contact » dans les jours prochains. J’oublie la situation sanitaire en appuyant sur les pédales jusqu’à l’Institut en espérant être en bonne place pour voir « Bernie » que je n’ai jamais vu. Oh ça vaaa ! Non, je n’ai pas vu Bernie… mais comme je veux absolument voir les films sur grand écran parfois (souvent ?) la rencontre avec les films se fait attendre ! Je n’ai pas de problème avec ça. Au contraire, je cultive le désir, ma coquetterie à l’heure des plateformes et leur contenu sans fin. 😉

« J’m’appelle Bernie Noël, j’ai 29 ans, bientôt 32. »

Albert Dupontel arrive, masqué et file dans la salle. La longueur de la file de dernière minute me fait dire que, cette fois, c’est mort ! J’entre dans le hangar où les photographes attendent le réalisateur  pour un shooting. Celui-ci a décidé de revoir son film dans une salle full (ça devient rare en ces temps pourris), aussi le shooting ce sera… 1h25 plus tard.

Se resituer à la bonne époque…. #mercil’INA

Me voilà libre pour rejoindre les foufous qui sont déjà dans la file d’attente pour le Prix Lumière. Un bus bien rempli. Le mot « distanciation » n’a pas pu monter à bord visiblement. Cité internationale. La file s’étire beaucoup moins longue que les années précédentes au pied de « l’homme au téléphone », la statue de 8m de Xavier Veilhan. Un coup de fil et je gagne 8m  😉 grâce aux copains de mes copains de festival. A l’ouverture du contrôle, je les ai tous vus partir dans un sprint endiablé me laissant sur place.

Festival Lumière 2020

Amphi 3000

La salle est toujours aussi impressionnante même si des espaces entiers ont été condamnés derrière des rideaux rouges. La salle se remplit vite avec les fauteuils de séparation. Franchement, de loin, l’illusion est parfaite ! C’est plein. Les invités masqués peuvent entrer dans la lumière, enlever leur masque quelques secondes dans l’espace photocall, se remasquer et rejoindre leur place. Les derniers à se plier à l’exercice sont les frères Dardenne, mis à l’honneur ce soir, qui vont prendre place sous un tonnerre d’applaudissements.

Festival Lumière 2020
L’Amphi 3000 année Covid… Illusion de la distanciation sociale @see-by-c

Bruxelles, ma belle

Un premier magnéto efficace nous remémore les bons moments de cette édition très spéciale. Frémaux entre en scène, en parfait MC. Le lyonnais prend toujours un malin plaisir à commenter les films Lumière (si vous ne connaissez pas les Kremo, je vous conseille la vidéo ci-dessous !) et trouve toujours les bons mots pour accueillir les invités : Gabriel Yared, Thomas Dutronc et l’excellente Jeanne Cherhal (qui interprètera « Bruxelles » de Dick Annegaarn) pour l’ambiance musicale. Il répond enfin à nos interrogations sur l’absence de Bertrand Tavernier, resté à Paris, malade mais pas du Covid.

Vive la Belgique

Jérémie Rénier, que les frères Dardenne ont découvert et fait jouer dans plusieurs films (La promesse, L’enfant, Le silence de Lorna, Le gamin à vélo) a envoyé un message vidéo.

Festival Lumière 2020
L’émotion palpable d’Emilie Dequenne @see-by-c

Celle qui a fait le déplacement, c’est Emilie Dequenne. L’actrice belge qui a reçu le prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans Rosetta, première Palme d’or des Dardenne (également palmés pour L’enfant en 2005) remet le fameux prix. Visiblement émue, elle lance un « ce n’est pas du cinéma, ce que Jérémie a dit, les Frères sont nos parents de cinéma. Merci, tellement ». Contrairement à son compatriote belge, elle n’a tourné qu’un film sous leur direction. On espère secrètement que ces instants lyonnais leur donnent des idées de retrouvailles sur grand écran !

« Ce Prix symbolise l’héritage des frères Lumière. Filmer la vie, son intensité, sa mobilité. Lorsque l’on filme Rosetta, on essaie de faire en sorte qu’elle soit vivante. »

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Prix Lumière 2020.

Entracte

Avec le départ des invités, c’est une bonne partie de la salle qui se vide. Ceux d’en haut descendent remplir les rangs de la fosse pour voir ou revoir Rosetta. Pendant 1h35, on a va suivre au plus près le combat de cette jeune femme prête à tout pour travailler, pour survivre. Tourné à l’épaule, la caméra colle son héroïne au point de nous faire entrer dans sa peau. Le film a plus de 20 ans… malheureusement toujours d’actualité. Il le sera encore longtemps tant la précarité gagne du terrain chaque année, et la crise sanitaire va encore faire des ravages. Et certains font toujours mine d’être surpris !
Bon, on est loin de mon souvenir enchanté du Prix Lumière 2016 qui s’était clôt par la projection du Sauvage. C’est dire si le cinéma est immense. Il secoue, caresse, transporte, révolte, attendrit, fait réfléchir, enchante, fait rêver, bouleverse, fait comprendre le monde dans lequel on vit. Le tout sans bouger d’un confortable fauteuil… un miracle non ? Et on voudrait nous priver de ça ?

« Aujourd’hui on vit dans des idéologies fermées, mortifères, qui nous empêchent de connaître ce mouvement qui nous conduit vers l’autre, qui nous permet de nous identifier à l’autre. Or, le cinéma, c’est le contraire de ça. C’est pouvoir être un autre. Notre rêve, quand on filme, c’est de se dire que le spectateur va être seul dans cette salle obscure. Là, il va se sentir vivre comme vit le personnage. On espère qu’en lui monte une parole silencieuse. C’est ça le cinéma. Vive le cinéma ! Vive la vie ! »

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Prix Lumière 2020.

La suite ici…

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