Jean-Claude Maniscalco, 46 ans de traversée

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Comment êtes-vous entré dans ce métier ?
C’est mon frère qui m’a appelé un jour pour me proposer de le rejoindre en 1969. Il a navigué sur des cargos, des pétroliers et a fini sa carrière dans cette grosse compagnie maritime de Cannes. J’ai commencé comme matelot, après avoir passé les examens, puis je suis devenu capitaine avec les responsabilités immenses qui vont avec, surtout aujourd’hui.

Depuis, qu’est-ce qui a le plus changé ?
La sécurité et le confort ! Aujourd’hui on peut de la passerelle larguer les radeaux de survie en appuyant sur des poussoirs à air comprimé, on a des écrans qui permettent de visualiser la salle des machines, des VHF… On s’est formé sur le tas à toutes ces évolutions techniques. L’équipage a aussi changé. A l’époque, avec 200 passagers on était 3 équipiers. Aujourd’hui on est 4 et au-delà de 200 passagers il faut être 5 : 3 matelots, 1 capitaine et 1 mécano. On a plus de sécurité et plus d’équipage. Pour les traversées vers St-Tropez ou Monaco, vous avez 230 à 280 passagers. C’est énorme en termes de responsabilités en 1h15 de traversée. Quand on finit la journée, on est content, on peut relâcher la pression !

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Avant d’entrer à Trans Côte d’Azur, vous avez vécu d’autres expériences en mer ?
Oh oui ! J’ai fait les premières visions sous-marines à Cannes, on cassait la barraque avec ces bateaux. On faisait des visions nocturnes mais pour pas voir grand-chose en fait ! (rires) J’ai été aussi capitaine du bateau restaurant de la ville de Cannes, une très belle période. On sortait le midi, le soir, je me suis même marié à bord ! Puis j’ai rejoint Trans Côte d’Azur la grande flotte installée à Juan, Nice, Théoule, Golfe-Juan, Mandelieu, Porquerolles… en 1998. On faisait aussi San Remo au départ de Nice à une époque. Sur 1h30 avec une escale à Monaco pour débarquer des passagers.

Et aujourd’hui ?
On fait les traversées mais aussi les feux d’artifice avec les plateaux repas pour 110 passagers, c’est une grosse organisation et un beau défi, ça me plait bien. On montre les lieux de tirages, le monastère, on tourne autour des beaux bateaux puis on se positionne parallèlement à la Croisette et on attend le début du feu avec tout le monde sur le pont. On fait aussi des sorties spéciales pour les régates royales en septembre. Je me suis approché à moins d’un mètre d’un de ces voiliers, c’est superbe ! Il ne faut jamais cacher le vent aux voiliers. Ce sont toujours de grands moments avec beaucoup d’adrénaline. Les régates, c’est mon meilleur job ! Le dernier jour on fait Cannes-Saint-Trop’ et on les suit jusqu’à Agay. Je le referai cette année.

inside-seebycEt les îles de Lérins ?
Avant, on faisait les deux îles avec un ticket. Les passagers pouvaient faire une île et prendre une correspondance pour aller déjeuner sur l’autre. C’était il y a plus de 15 ans. (Depuis ce sont les moines qui gèrent directement leur traversée avec Saint-Honorat). A Sainte-Marguerite on avait la police qui montait pour barricader la queue des passagers. La file allait jusqu’au bout du quai. Il y a 40 ans, les bateaux du matin, comme celui de 7h45 étaient pleins. Chaque cannois avait son île préférée. Les belles journées de mai et juin, c’était à bloc, aujourd’hui ça n’existe plus. On fait toujours le bateau de 7h30 mais il n’y a plus 200 passagers ! C’est une autre génération ! Aujourd’hui ils sont moins intéressés. Sur les îles, j’ai dû transporter plusieurs générations de passagers, de familles cannoises.

Le prix de la traversée est une raison, non ?
C’est sûr, mais la nouvelle génération de cannois est moins attirée par les îles qu’auparavant. C’est sûr que le prix y joue beaucoup aussi mais les taxes ont beaucoup augmenté. Les publics sont différents, par exemple sur les traversées vers Monaco, le client est calme, serein, on peut alors l’autoriser à faire des photos de la passerelle. Par contre sur Saint-Tropez, ce n’est pas pareil, il est un peu plus foufou, il va vouloir fumer une cigarette alors que c’est interdit !

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Le port de Cannes et le Suquet vus du bateau passant près du phare.

Le quai de départ a changé aussi ?
Il y a 46 ans l’emplacement de l’embarcadère était sur le port juste à côté du casino, donc en plein centre alors qu’on est un peu décalé maintenant au bout du parking. La différence c’est justement ce grand parking, très utile mais ce changement a fait grand bruit.

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7 réflexions sur « Jean-Claude Maniscalco, 46 ans de traversée »

  1. Très bel article, Carole !!
    Merci de nous faire découvrir une personnalité autre que des stars de Cannes, même si au fond, ce Monsieur est une célébrité à lui tout seul et son histoire mérite d’être racontée et bien racontée comme dans cet article… 😉 !

    1. Merci Béatrice… On connait tous des gens qui mériteraient d’être connus de tous… j’ai déjà hâte de vous en proposer un nouveau !

  2. Très bien écrit et très émouvant, un grand merci pour mon père. Cordialement, Aurore Maniscalco

  3. Encore un article très intéressant avec un autre regard sur les professionnels qui font vivre notre région.

  4. Beaucoup d’articles intéressants sur ce blog. Celui-ci en fait bien évidemment partie.
    Très agréable de découvrir la vie et le parcours de Jean-Claude.
    J’espère lire à l’avenir bien d’autres portraits tout aussi passionnants.
    Encore bravo !

    1. Merci Fredalik!J’espère avoir très vite la même évidence que j’ai eu avec Jean-Claude le capitaine pour faire de nouveaux portraits.

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